Et vous, que faisiez-vous le 11 septembre ? Preuve que c’est une date importante, on ne met pas l’année, et on sait de quoi on parle. Moi, je faisais des courses dans un magasin d’ameublement à Paris. Je voyais tous les gens s’agglutiner devant les écrans de télévisions, sans comprendre exactement ce qu’on regardait. Je n’ai vu d’abord qu’un nuage de fumée, pensant qu’un tremblement de terre avait eu lieu à Manhattan.
Les frères Naudet se retrouvent avec ce matériau précieux qu’est leur documentaire par le biais d’un hasard. Ils suivaient un rookie, à savoir un nouveau pompier, qui après ses classes s’est trouvé affecté au district des Manhattan. Pendant les deux premiers mois, il ne se passe quasiment rien, et on découvre la vie à la caserne, avec ce jeunot qui va effectuer les tâches subalternes dévolues aux nouveaux arrivants : nettoyage, repas, ménage, entretien des véhicules.
Puis arrive une fuite de gaz. On est le 11 septembre. Un des deux frangins suit l’équipe qui part sur cette fuite de gaz et l’autre reste à la caserne. Et les deux vont filmer chacun de leur côté.
On assiste aussi impuissants que les pompiers à l’arrivée du premier avion dans la tour sud sous les regards incrédules, à l’organisation à la hâte des secours dans un chaos indescriptible (le plus saisissant étant le bruit de ces corps qui se jettent des étages et viennent se fracasser 80 étages plus bas), à l’arrivée du second avion dans la tour nord sans que personne ne réalise vraiment, à l’effondrement de cette tour alors que les secours tentent de s’organiser dans la tour sud, et à l’effondrement de cette même tour alors que certains pompiers sont sortis mais tout en sachant que d’autres sont à l’intérieur.
On est souvent scotchés par l’indicible. On croise des personnes dont on sait que par la suite elles seront réduites à néant.
Évitant tout sensationnalisme, respectant une vraie pudeur (car on se doute qu’ils ont dû voir l’horreur), les frangins ne jouent pas sur le larmoyant, restant la plupart du temps très factuel.
Un témoignage pour l’histoire.