Le Main title d’Escape from NY est un morceau parfait. J’y reviens souvent. Evoquer la musique d’emblée n’est pas une insulte au film je pense tant elle imprime toute son ambiance et tout particulièrement son ouverture, qu’on pourrait rapprocher d’un score à la Goblin, sous Prosac. Le film se fera continuellement sur la dynamique de ce thème, sans véritable rythme, immuable, envoûtant. Le reste de la musique tient plus d’un early krautrock tendance Neu!/Kraftwerk, efficace à défaut d’être original.
Escape from NY tient surtout grâce à son personnage charismatique Plissken « Call me snake » campé par un non moins charismatique Kurt Russell, qui joue donc un ancien soldat devenu hors-la-loi, que l’on vient utiliser pour sortir le président des Etats unis d’une bien piètre situation : À la suite d’un attentat, son avion s’est crashé dans un Manhattan emmuré, pénitencier à ciel ouvert qui renferme tous les pires criminels de la Terre, et il détient un document précieux concernant un secret nucléaire.
A l’image de ce gimmick de répétition consistant à chaque rencontre d’être surpris de voir Plissken vivant, le film est très drôle. Deux personnages se nomment Cronenberg et Roméro, ça ne s’invente pas. Il y a aussi cet étrange taxi « Ernest Borgnine » driver, gentil halluciné ou bien ce petit cinglé, sosie de Klaus Kinski qui semble s’échapper d’un univers à la Mad Max. Le casting est assez énorme, d’ailleurs. Lee Van Cleef, Donald Pleasance, Harry Dean Stanton ou Isaac Hayes viennent compléter une équipe éminemment barge et quasi exclusivement masculine.
Le film souffre des années quand même. La baston entre Plissken et un gros lard sur le ring fait un peu de la peine si on vient de voir le combat entre Oberyn Martell et La Montagne dans Game of thrones. J’adore mais je ne pense pas que ce soit la plus grande réussite de Big John : ça manque de rythme et de tension (The thing qui suivra sera lui une merveille du genre, une merveille tout court) même si c’est aussi cette espèce de tempo lancinant qui fait aujourd’hui tout le charme rétro du film. Bref c’est un régal, un chouette film de SF au style Carpenterien en diable, sans être le chef d’œuvre qu’on a tendance à y voir.