Tableau urbain apocalyptique très bien fichu, de nuit américaine, de musique SF minimaliste mais efficace. Le film pose un système culte qui infuse des grandes œuvres postérieures.
La direction artistique datée ajoute, pour moi, au charme artificiel de ce cinéma : artificialité qui vient justement contrecarrer le matériau trop réel de l'art cinématographique ou trop stéréotypé du genre science-fictionnel au cinéma.
Une Amérique en désarroi, puisque le fin de l'humanité est carrément sur la table. Dans ce cadre se croisent des âmes errantes qui cherchent à assurer leur salut personnel : un grand criminel que tout le monde croyait mort, le Président des Etats-Unis, le roi des thunes new-yorkais, une prostituée amoureuse... Alors le destin universel passe au second plan, il ne motive pas l'intrigue et n'appelle pas le dénouement.
Sur fond d'apocalypse, New-York 1997 interroge frontalement la valeur morale du sacrifice, la valeur de la survie devant d'autres idéaux beaucoup plus grands : la liberté, l'amour, la charité... C'est que le laboratoire science-fictionnel dispose d'une vraie puissance moraliste, et le film de Carpenter l'exploite comme il faut, dans une veine satirique.
Si le monde est à ce point invivable, c'est parce que l'humanité (ou les grands de ce monde) a (ont) déjà transigé avec son idéal. Ils ont clôturé la ville au nom de la liberté. Alors on en est là quand le récit commence, en 1997. L'absence d'espérance marque les hommes, comme l'absence de femmes la société new-yorkaise. Plus de relation, plus de sacré, plus rien. Si bien qu'on ne sait pas si le film finit bien. Ceux qui l'ont pu ont sauvé leur pomme, mais pour quoi faire ? A quoi bon ?