Il y a lieu de louer Simon Moutaïrou d'avoir choisi de traiter le thème de l'esclavage, lié au colonialisme des grandes puissances du passé, en l'occurrence ici, la France, dans le territoire appelé Isle de France, au milieu du XVIIIe siècle, devenue depuis l'île Maurice. Le devoir de mémoire est indispensable à l'histoire de notre pays, même quand celle-ci est loin d'être glorieuse. L'idée de l'évoquer à travers un thriller, une véritable course-poursuite contre ces esclaves "marrons", comprenez ceux qui ont fui leur servitude dans les plantations de canne à sucre, n'est pas mauvaise mais elle finit, à la longue, par presque faire passer son sujet principal au deuxième plan, d'autant que le surnaturel s'invite parfois dans le film, contribuant à diluer l'intérêt. Certains personnages ont tendance à s'effacer très vite, alors que l'approfondissement de leur psychologie n'aurait pas manqué d'apporter de l'eau au moulin de l'engagement du long-métrage, dans sa volonté de montrer les choses telles qu'elles étaient et non revues à près de trois siècles d'écart. L'on appréciera cependant les scènes en milieu naturel et, surtout, les dernières images, terribles, qui disent à elles seules ce que sont la dignité et la bravoure face à l'injustice, à l'aveuglement, ou pour le dire plus simplement, au racisme.