La douleur marron
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C'est triste, c'est dur, déconcertant et à la fois important, c'est une vraie claque. Le scénariste de Boite Noire et de Goliath enfile la casquette du réalisateur avec Ni chaînes ni maîtres. Pour moi, le pari est réussi car il est difficile de traiter d'un sujet aussi sensible. Un film français qui dénonce l'esclavage commis par les français ; c'est audacieux et courageux.
De nombreux éléments m'ont plu et m'ont touché dans ce film. Tout d'abord, la caméra se place du point de vue des esclaves. Il ne s'agit pas seulement de décrire l'horreur mais de faire vivre l'horreur au spectateur à travers les yeux des victimes. L'image vient sublimer le courage des esclaves et vient ternir celles des colons. Les plans qui sont consacrés à ces derniers les montrent en train de tuer, sinon de se battre, toujours une arme à la main. Au début, je trouvais que les personnages de Camille Cottin et de Benoît Magimel n'étaient pas assez aboutis. Avec du recul, je comprends l'intérêt de ne pas trop en dire sur eux ; comme un moyen de les réprimander davantage.
Puis, la manière de filmer les hallucinations m'a conquise. Je pense qu'il faut regarder cette idée de "spectre" dans son sens métaphorique. En effet, si le personnage de Massamba a des hallucinations, c'est sans doute pour essayer d'échapper à sa condition. Sa fuite de l'homme blanc va de pair avec sa fuite de la réalité, en convoquant le fantôme de sa femme.
Je souligne la prise de risques qui résulte d'une prouesse cinématographique considérable.
La fin est extraordinaire. Elle n'embellit pas la réalité, elle lui reste fidèle sans s'éloigner. C'est un film essentiel, qui vous fera pleurer sans doute, et qui résonne étrangement encore actuellement.
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le 2 oct. 2024
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