« Baisse les yeux, nègre »

Massamba et sa fille Mati sont esclaves dans une plantation. Un jour, la jeunette s’enfuit ; une chasseresse de nègres est engagée pour la retrouver.

Ni chaînes ni maîtres s'impose comme une œuvre cinématographique d'une puissance rare, un témoignage poignant de l'esclavage à l'île Maurice. Le film ne se contente pas de relater une période sombre de l'histoire, il l'incarne avec une force viscérale, nous plongeant au cœur de la souffrance et de la résistance.

Les stigmates laissées par les coups de fouet, les corps meurtris et les regards chargés de désespoir sont autant de rappels de l'inhumanité du système esclavagiste. Le requiem ébaubissant et désespéré qui accompagne ces scènes est une véritable claque émotionnelle, une ode à la dignité bafouée.

Ce métrage est un hommage vibrant à tous les opprimés, une représentation inédite des marrons, ces hommes et ces femmes qui ont osé se dresser contre l'injustice. Leur quête de liberté est filmée avec une intensité qui ne laisse aucun spectateur indemne.

Le contraste saisissant entre la beauté paradisiaque de l'île Maurice et l'implacabilité du système esclavagiste est une trouvaille visuelle qui renforce l'impact du film. Les paysages idylliques se transforment en un théâtre de l'horreur, où la nature elle-même semble se révolter contre l'injustice.

La performance de Camille Cottin est tout simplement stupéfiante. Elle incarne avec une crédibilité déconcertante une femme complexe, prisonnière de son époque et de ses préjugés. Son jeu, tout en nuances, est une véritable révélation.

Bref, c’est un film nécessaire, un devoir de mémoire qui nous rappelle que la lutte pour la liberté est un combat permanent.