Une trame plutôt intéressante: un couple normal (lui stupide, elle charmante, attentive et sensible) en rencontre un autre au bord de la rupture violente (lui au bout du rouleau et presque fou, elle manipulatrice et malveillante) et va être témoin de ce qu'il ne devrait pas.
Le problème vient ici que Hathaway fait preuve d'un peu trop d'Hitchcockisme dans la construction de son récit: la première scène est le théâtre de deux incohérence flagrantes. Le type détrempé sur un (très beau) plan au pied des chutes du nom du film se retrouve sec comme un feu de paille sur le plan suivant (pourtant dans la continuité chronologique) et entre dans la chambre ou il pense que sa femme dort, ne remarquant pas l'odeur que devrait avoir répandu la fumée de cigarette que cette dernière éteint dans la seconde précédant son entrée.
Ce genre de maladresse viendra plusieurs fois gâter l'ensemble (c'est fou les hasards qui font qu'à chaque fois Polly se retrouve seule pour voir celui qu'elle ne voudrait pas voir…) mais les qualités du film contrebalancent ces petits détails énervants.
Les plans des chutes du Niagara sont sémillants à souhaits et la distribution renforce le plaisir que procure le film.
D'où le point essentiel de cette petite critique.
Nous voilà devant une énigme de type cosmique.
Marilyn Monroe, dont c'est ici le premier vrai premier rôle, est celle qui aujourd'hui fait vendre ou regarder le film. Elle a connu la carrière que l'on sait, provoqué les passions que l'on connait, est encore aujourd'hui l'icône que l'on voit partout sur les posters, affiches, livres et émissions multiples qui ne cessent de fleurir sur nos écrans.
Très bien.
Je préfère voir l'idolâtrie transgénérationnelle que provoque la blonde au destin tragique que celle qui entoure, disons, une Mylène Farmer, Dalida ou Claude François (rayer la starlette inutile).
Mais il va falloir tout de même m'expliquer comment on peut préférer la Norma Jeanne, qui a tendance à surjouer un poil, à la sublimissime Jeanne Peters, dont je suis définitivement tombé amoureux depuis la flibustière des Antilles ou autre Branco apache.
Son regard transperce l'écran, son sourire fait fondre la pellicule, ses traits divins bloquent la lecture du mon DVD quand, à chaque fois qu'elle apparait en gros plan, il faut que je fasse pause pour prendre le temps de respirer et laisser mon organisme exalter un frisson de contentement orgasmique. Si j'étais un chat, je crois que je ronronnerai à chacune de ses apparitions à l'écran.
Finalement, c'est sans doute mieux comme ça.
Laissons les masses s'esbaudir sur le clinquant et révérons en secret la vraie beauté.
Comment ? C'est une histoire de goût ?
On est bien d'accord.