"Il a parlé de son tournage favori et nous a fait part de son aversion pour les restaurants ne servant que du vin. L’histoire du cinéma à Hollywood du début des années 40 à 1997 se déroulait sous nos yeux à mesure qu’il racontait ses frasques les plus folles."
C'est ce que Bruce Weber dit de son documentaire et non ce qu'il contient, hélas. Si vous comptez vous trouver devant l'une des rares copies de ce film c'est que votre corps est composé d'au moins quelques fibres de cinéphilie. Et comme toutes les fibres, elles sont plus ou moins épaisses, tressées, plus ou moins élastiques... Les miennes sont menues et guère souples, autant dire que le défilé de photos, de références sans fond et de guests qui n'ont tellement rien à dire que c'en est gênant m'ont gonflée.
Entendons nous, il y a un réel plaisir à écouter la voix de ce papy géant toujours chaude et juste après tant de clopes, d'alcool et de dérives. Mais du bonhomme et du cinéma vous n'apprendrez rien.
Le peu d'intelligence qui émerge du charme poseur du documentaire était déjà à la portée du premier regardeur de film venu, n'eut-il vu que La Nuit du Chasseur : Bob Mitchum incarne l'anti-héros dans le cinéma américain, le costaud séducteur un peu bourru qui n'est jamais là où l'on l'attend ; il incarne une époque, celle de la force virile et de ses impénétrables failles - le mystère masculin, celui qui n'a jamais eu de nom. Mais le docu n'offre ni détails ni recul là-dessus.
Trois moments surnagent tout de même : Benicio Del Toro qui conte une anecdote jolie et amusante, Mitchum lui-même narrant un meurtre dont il a été témoin dans un bar comme s'il s'agissait d'une blague entre potes, et le témoignage de sa petite fille, qui égratigne la belle confiance et le jem'enfoutisme de papy.