Night and Day (2010), apparenté au registre du blockbuster d’action-comédie romantique, s’impose comme une œuvre portée par une réflexion malicieuse sur les codes du genre. Sous des allures légères et spectaculaires, le film invite à une lecture plus nuancée, révélant des thèmes chers à son auteur : la dualité, l’identité, et la quête d’équilibre entre chaos et connexion humaine.
L’histoire oppose Roy Miller (Tom Cruise), agent secret insaisissable et énigmatique, à June Havens (Cameron Diaz), une civile projetée dans un univers de poursuites. Ce duo évolue dans un jeu d’équilibre précaire, où les rôles traditionnels sont sans cesse réécrits. Roy, oscille entre héros salvateur et fauteur de troubles et June, quant à elle, passe de spectatrice passive à protagoniste maîtresse de son destin, déconstruisant peu à peu les stéréotypes genrés.
Mangold exacerbe les conventions du genre pour flirter avec l’absurde, injectant dans les scènes d’action une théâtralité presque surréaliste. Les explosions improbables, les cascades défiant les lois de la physique, et les transitions dynamiques d’un continent à l’autre confèrent au film une énergie ludique. Pourtant, derrière cette façade exagérée, une authenticité émotionnelle se dessine, notamment dans l'écriture des deux personnages. La mise en scène fluide, les cadrages élégants et une palette chromatique lumineuse traduisent ce mélange de légèreté et de gravité.
Dans sa filmographie, Night and Day apparaît comme une variation plus légère des obsessions de Mangold. Les questionnements identitaires qui hantent ses films trouvent ici une déclinaison décontractée mais non moins pertinente. Derrière l’exubérance du spectacle se cache une exploration sincère du genre et des liens humains.