Jake Gyllenhaal alias Lou Bloom voit la vie en noir comme le montre l'affiche du film où il observe la ville derrière ses lunettes de soleil. En effet c'est pas vraiment le gars à voir la vie en rose puis les nécessités du boulot obligent il ne vit que la nuit tel un vampire qui se repaît du sang des victimes avec sa caméra.
Seul dans sa caisse pourrie à écouter les fréquences de la police on dirait Mel Gibson dans le premier Mad Max, c'est pas la même folie mais il y a une forme de décadence dans le personnage et dans l'escalade de trash médiatique.
C'est d'ailleurs un peu dommage que Lou soit tout de suite catalogué marginal et sociopathe même si Jake Gyllenhaal a vraiment la gueule de l'emploi. Puis passer de recéleur de plaques d'égouts à recéleur de vidéos trash il n'y a qu'un pas que franchit le scénario, la métaphore n'est pas des plus subtiles mais le film privilégie l'efficacité en allant à l'essentiel tout comme Lou qui distille les messages d'urgence au plus fort potentiel glauque avec son récepteur.
Le machiavélisme de Lou occasionne des scènes formidables de cynisme que renforce sa vision froidement entreprenariale du business. Il excelle dans les rapports de force n'hésitant pas à employer un S.D.F pour mieux l'exploiter ou à tyranniser la rédactrice du JT parce qu'il sait pertinemment qu'elle sera prête à tout pour booster son audience. Au début il s'était vu refuser un stage non rémunéré dans une entreprise du BTP et à la fin il se retrouve véritable patron de l'ombre d'une chaîne de télé, une ascension digne de Scarface.
Le summum du machiavélisme intervient lors de la course poursuite finale quand il met littéralement en scène les infos, il positionne plusieurs caméras pour avoir différents angles et fait des travellings avec sa voiture comme si Scorsese réalisait le JT. Bref un film extrême et efficace qui dresse une critique trash du journalisme mainstream actuel en allant voir dans ses coulisses sordides ce qui se cache derrière ces présentateurs tirés à quatre épingles.