Il y a de ces films au titre parfois intraduisible littéralement dans notre bonne vieille langue française. Nightcrawler fait partie de ceux là. Et une fois n'est pas coutume dans notre bon vieux pays du camembert, plutôt que d'adapter cela en bon françois, ou de laisser tout bêtement le titre original, l'on préfère renommer le métrage par un nouveau titre anglophone qui sonnerait mieux à nos oreilles.

Night Call donc n'est pas, comme voudrait nous faire croire le titre, une resucée 80's façon Kavinski ni un remake de ce bon vieux Drive avec Ryan Gosling. Certes les deux protagoniste principaux conduisent des bagnole la nuit à Los Angeles, mais la comparaison s'arrête ici.

Lou Bloom est un baratineur à la ramasse. Noctambule, il subvient à ses besoins à force de combines et de rapines. Mais Lou a de l'ambition et aimerais bien trouver un boulot dans lequel il pourrait non seulement briller mais également se faire du fric. Par hasard il croise la route d'une équipe de télé à l'affût d'images chocs à revendre aux chaînes de Los Angeles. Banco !! Armé de son caméscope et d'une CB de police il part écumer la ville à la recherche de sujets croustillants.

Si Night Call apparaîtra avant tout comme une satire du système télévisuel américain doublé d'un début de réflexion quant à notre rapport à l'image. Il fascinera grâce à son héros sociopathe joué par un Jake Gyllenhall ahurissant. L'acteur protéiforme, amincis pour le rôle, campe avec une justesse folle ce baratineur, pervers et perfectionniste dénué d'empathie. Cheveux gominés, pommettes saillantes et regard révulsé, Lou Bloom traîne sa carcasse de catastrophe en catastrophe, comme une hyène viendrait se nourrir des restes d'une tragédie passée, sans que jamais la performance, pourtant outrancière de Gyllenhall, ne semble over the top.

Par le biais de ce personnage antipathique le film analyse et questionne le comportement d'une société de plus en plus repliée sur elle-même, sujette à l'individualisme et à la reconnaissance sociale. Car les aspirations de Lou ne paraissent finalement guère éloignées des nôtres. Il veut être le meilleur dans ce qu'il fait, être estimé et respecté pour ça. Quitte à devoir faire de la casse en chemin. Tous les rapports sociaux qu'il entretient sont biaisés sous couvert de négociations, de chantages ou de faux semblants sociales et fait immanquablement écho à notre marché de l'emploi d'aujourd'hui. La scène de l'entretien d'embauche, ou un jeune homme en galère sera prêt à accepter n'importe quoi du moment qu'il a la promesse d'un emploi durable et d'un salaire de misère, est très pertinente en ce sens. Son héros arriviste obtenant ce qu'il désire a coup de bluff.

Pour autant le film n'oubliera pas de tirer à boulet rouge sur les médias. Dénonçant leur course au sensationnalisme, leur manque de déontologie, la désinformation et la quête de l'audimat. Un propos un poil moins pertinent aujourd'hui avec l'arrivée de l'internet. N'est pas Sidney Lumet ou Costa Gavras qui veut et si le film prend parfois des airs de Network ou Mad City, le propos s'avérera Beaucoup moins mordant que ses modèles.

Vendu comme un Thriller satirique, Night Call sera bien plus une étude de caractère du personnage principal. Porté par un acteur multipliant les rôles avec toujours plus de génie. Jake Gyllenhall confirme qu'il s'agit d'un des meilleurs acteurs de sa génération, bien loin devant le non-jeu monolithique d'un Ryan Gosling. Un protagoniste agissant comme une figure métaphorique d'une société en perdition, gangrenée par les rapports sociaux ou seul le paraître et la réussite sociale domine. Night Call évite même l'écueil de la fin moralisatrice que l'on voyait pourtant venir grosse comme une maison.
MrJustQuentin
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le 16 nov. 2014

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