L'ouverture du film est trompeuse, les images magnifiques de Los Angeles qui défilent sous fond de guitare électrique vont bientôt laisser place à une histoire beaucoup moins idyllique. Lou, anti-héros par excellence, n'est en fait que l'allégorie d'une société en quête permanente de violence, il n'est que l'instrument de média de plus en plus voraces d'audimat à coup d'image choc. Ce "night crawler" est comme son acolyte l'indique inhumain, comme il le dira plus tard dans le film : "Ce n'est pas que je ne comprends pas les humains; je ne les aime pas". En même temps comment lui donner tort ?
C'est ainsi que Lou nous entraîne dans une véritable descente aux enfers dans les abysses de LA. Le spectateur est à l'image de ce pauvre Rick, impuissant face à cet homme qui n'a aucune limite et aucune morale. Le film n'est pas sans rappeler Drive, de par un certain esthétisme qui sublime la nuit de LA, mais aussi par des scènes de grande intensité qui nous laissent le souffle coupé. Si les personnages du chauffeur et de Lou se rapprochent de par leur côté sociopathe, ils diffèrent grandement, Lou aime parler, et ses tirades sont des bijoux de cynisme.
Enfin, mentions spéciales au réalisateur dont c'est le premier film, il maîtrise son sujet du début à la fin, aux seconds rôles qui sont très justes et permettent de mettre en lumière le personnage de Lou, et bien sûr félicitation à Jack Gyllenhaal qui signe une interprétation hypnotique avec un physique méconnaissable de reptile ( peut-être un oscar à la clé). Le dernier plan du film montrant une vue d'antennes télés sur les collines de LA parachève ce film et la critique qu'il véhicule.
PS: le faible budget du film (8 millions $) montre que bien souvent les meilleurs films américains sont souvent des petits budgets, avec une authenticité et un projet artistique cohérent.