Night Call n'est pas un simple thriller. Ce n'est pas juste le parcours classique d'un arriviste, prêt à tout pour atteindre ses ambitions.
Night Call est beaucoup plus que cela.
On dit souvent que le cinéma est le miroir d'une époque, Night Call en est l'éclatante démonstration.
Tout d'abord, Lou, ce personnage dénué d'humanité, à la vie sociale et sentimentale inexistante, survit par des larcins en attendant la gloire.
La poursuite d'un bonheur artificiel, vendu par nos sociétés modernes, où l'argent et le matérialisme sont synonymes de réussite.
A travers son cynisme, son égoïsme, et sa capacité à exploiter son prochain, Lou applique les préceptes de base d'un capitalisme outrancier (surexploitation de son stagiaire, sa capacité à tout négocier, ses punchlines marketing transformées en philosophie de vie).
À ce propos, Jake Gyllenhaal campe à merveille ce rôle d'une froideur impressionnante, aidé par les nombreux kilos perdus pour le rôle, qui l'ont littéralement sèché physiquement.
Ce portrait terriblement banal de notre époque me rappelle cette phrase que j'ai lue un jour « On peut réussir sa vie sans être un connard, mais c'est beaucoup plus long »
Ensuite, c'est le rôle prépondérant des médias qui est sans doute la thématique la plus passionnante développée par la première réalisation de Dan Gilroy, scénariste quelconque jusque là.
On y décrit de façon chirurgicale la fabrication, la hiérarchisation de l'information dans nos médias traditionnels, soucieux d'offrir une audience maximale à leurs diffuseurs. Quoi de mieux que d'utiliser les faits divers pour divertir un public toujours plus mal éduqué ?
Car c'est bien connu, la peur fait vendre.
Et tant pis pour l'info, la vraie, sociale, économique, politique et culturelle.
Ne reste plus qu'à mettre en place le storytelling (vendre le fait divers comme un feuilleton, le scénariser.BFMTV et I-Télé en sont les meilleurs avocats) et le maintenir en haleine même s'il n'y a rien à dire ( journalisme de « la porte fermée », un envoyé spécial devant une porte qui n'a rien à dire, qui meuble. Merci à @hillson de m'avoir fait découvrir ce terme sur une vidéo d'Usul). Il est inutile que je vous précise que la courbe des crimes -homicides par exemple- ne cesse de regresser depuis des années, alors le temps accordé sur ces sujets a explosé à travers les JT et autres reportages sordides.
Et tant qu'à bien faire le boulot jusqu'au bout, Dan Gilroy nous gratifie d'une mise en scène solide, dans un Los Angeles aux couleurs chaleureuses. La présence musicale minimaliste renforce les séquences d'action âpres et réalistes, sans fioritures (Oui, on est proche de Drive sur cet aspect là)
Pour toutes ces bonnes raisons, Night Call est un film à voir absolument.
Et puis un film avec Bill Paxton, ça ne se refuse jamais.