Un self-made-man dans l'air du temps
A la différence d’un Taxi Driver par exemple, où le héros se (nous ?) convainc qu’il agit pour le bien commun, Jake Gyllenhaal campe ici un misanthrope assumé, parodie glaçante et souvent drôle du self-made-man à l’américaine. Outre la prestation remarquable de son acteur principal, le succès du film repose dans sa capacité à susciter des sentiments ambigus. Nous sourions lorsque Lou régurgite les cours de management qu’il compulse seul sur Internet, puis frémissons en réalisant l'interprétation qu'il en fait.
Night Call tente de répondre à la question suivante : comment peut évoluer un homme intelligent, pressé, ambitieux, et surtout dénué de sentiments au sein de nos sociétés ? La démonstration de Dan Gilroy est convaincante. Sa caméra se confond progressivement avec l'objectif de Lou : le spectateur devient voyeur. On ne manquera pas de remarquer que le réalisateur use des ficelles qu'il dénonce : certes, mais cela invalide-t-il son message ? La fascination malsaine ressentie par Nina (Rene Russo), qui acquiert les vidéos de Lou pour le compte d'une chaîne de télévision, est-elle vraiment si caricaturale ?
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