C’est étrange comme un film peut créer un sentiment ambivalent. Entre satisfaction et frustration. Night Call entre dans cette catégorie. Le pitch ouvre de belles espérances et ce thriller dans la nuit de Los Angeles se regarde sans attraper son téléphone pour savoir l’heure. Mais il manque quelque chose. Comme si Dan Gilroy, le réalisateur, n’avait pas suffisamment saisi la profondeur du sujet qu’il aborde.
Etonnant de froideur, Jake Gyllenhaal rentre bien dans la peau de son personnage, un psychopathe machiavélique qui parle à son assistant comme un manager de Google à un stagiaire. Mais on aimerait en connaître davantage sur lui, ses motivations, son rapport à l’horreur qu’il donne à voir sur chacune de ses vidéos, même s’il prend un malin plaisir à regarder le sang couler au travers de sa caméra.
En face de lui, deux acteurs semblent tout droit sortis des années 1990. Rene Russo incarne la rédactrice en chef du JT du matin sur une chaîne locale de LA. L’enfer est sa motivation première, encore faut-il que le sang coule. Bill Paxton, lui, est un vieux routier de la course aux scoops. C’est lui qui inspire le personnage de Gyllenhaal, mais leurs scènes en commun n’apportent pas grand-chose à la narration.
Los Angeles est un décor idéal pour les films noirs. Michael Mann avait particulièrement bien réussi son coup pour Collateral grâce à sa technique de prise de vue bien à lui et à une musique qui appuyait l’ambiance nocturne. Le compositeur James Newton Howard était déjà aux manettes, mais ses choix sont beaucoup moins pertinents dans Night Call. Comme la scène où Gyllenhaal explique à Russo ce qui l’a amené à se retrouver caméra au poing. Howard enveloppe le tout d’une mélodie mielleuse qui aurait toute sa place dans la série Santa Barbara…