Los Angeles, la nuit : Quasiment désert mais les voitures roulent et dans certaines d'entre elles peuvent se trouver des hommes, souvent solitaires et traquant n'importe quels coups à faire pour vivre et/ou assouvir ses pulsions. L'un d'eux c'est Louis Bloom qui va vite se spécialiser dans la recherche du scoop, principalement violent et touchant les familles blanches et aisées.
Pour son premier film, Dan Gilroy frappe fort et nous emmène dans un Los Angeles qu'il sublime à travers de belles images et captant son rythme, son essence, ses espaces et sa vie. Braqué sur le personnage de Bloom, il ne le lâche pas et étudie ses méthodes, sa façon de faire, son language, sa froideur ou encore ses ambitions, mais aussi les relations qu'il peut avoir avec la galerie de personnages gravitants autour de lui, bien que pour certains, ce soit un peu trop sous-exploités. Peu à peu, on découvre un personnage ayant peu de limites pour arriver ses fins et ça, Gilroy le capte parfaitement.
Brillant derrière la caméra, il filme Los Angeles de belles manières, notamment à travers la voiture de Bloom. Tout en laissant une certaine dose de mystères sur l'intrigue et les agissements des personnages, il donne au film un humour noir et un cynisme qui sont les bienvenues. Il met peu à peu en place une atmosphère ambiguë et surtout malsaine, bénéficiant d'une bande originale adéquate ainsi que d'un Jake Gyllenhaal effrayant, ambitieux et hypocrite à souhait.
Bien que parfois un peu trop démonstrative, sa critique des médias et finalement de l'humain, n'en reste pas moins efficace et surtout effrayante. Tout le monde en prend pour son grade, notamment les médias et leur recherche du sensationnalisme morbide lorsqu'il le faut, ayant pour but d'effrayer ou stigmatiser une partie bien ciblée de la population. Mais c'est surtout la nature humaine qui est mise en avant, prêt à tout pour aller au bout de ses ambitions et ses rêves, manipulateur, hypocrite, malsain ou encore cupide et un humain dénué d'humanisme...
Un premier film réussi, inaugurant de belles choses pour la suite de la carrière de Dan Gilroy. Au rythme des nuits de Los Angeles, il dresse le portrait d'une âme sombre et tourmentée.