le type (sans emploi mais intelligent) sacrifie ses nuits pour obtenir les "meilleurs" "scoops" morbides. A l'écoute des fréquences radio utilisées par la Police, il s'arrange quel qu'en soit le prix pour toujours arriver le premier sur les scènes mortelles. Doté d'une exigence absolue, qu'il n'arrive pas à inculquer à son "stagiaire", il ne s'arrête devant rien, et multiplie les violations : écoute des messages policiers, pénétration de scènes de meurtre ou d'accident sans carte de journaliste professionnel, capture vidéo, violation de scène de crime, mensonge aux inspecteurs... Avec effroi, l'on ne peut que constater son glissement de méthodologie depuis la réaction (à une scène) vers la préméditation et la gratuité croissante des victimes : sabotage fatal de la camionnette d'un rival (vengeance personnelle), attraction de policiers auprès de criminels violents (devoir), mise à mort de son stagiaire devant un criminel... Rien ne l'arrête ! Sa détermination, couplée à sa témérité et son impassibilité (ou manque total d'empathie) sont les rouages infaillibles d'une machine qui lui promet d'atteindre chaque fois son but. La jouissance qu'il retire de chacune de ces scènes, tout en les filmant, est d'ailleurs indéniable. A la toute fin, c'est ainsi qu'il séduit Nina... comme il charmerait le Diable !
Voici donc un petit monde de charognards, bourgeonnés par notre société du spectacle, qui exploitent le dernier instant le plus sacré de la vie humaine... Le font-ils par besoin pécunier, dans un monde de l'archi-concurrence et du chômage ? professionnel afin de se proclamer les hérauts d'une société en perdition dans le crime ? ou de satisfaction et de complaisance dans cette débauche de sang et de cadavres ?
Combien autour de nous sont-ils mort pour que l'on vole leur dernière image ? Et finalement, quelle en est sa vraie valeur, pour le monde qui la regarde ? ...