Pour sa première réalisation, Dan Gilroy produit un film épatant. Totalement juste, du début à la fin, ce "Night Call" ressemble fort à un très habile mélange entre "Drive" et "American Psycho".
Il y a vraiment de quoi frémir devant ce Lou Bloom, personnage antipathique au possible, cynique sociopathe qui passe de petit voleur à mercenaire d'images. Subliment incarné par un très amaigri Jake Gyllenhaal, qui enchaîne ces temps-ci les très bons films comme "Prisoners" et "Enemy", ce "produit d'une génération qui veut le succès à n'importe quel prix", selon ces propres mots, fait froid dans le dos.
Armé d'une caméra et d'une radio branchée sur les fréquences de la police, il sillonne les rues de Los Angeles, la nuit avec son "employé", pour filmer "là où il y a du sang", et revendre, à prix d'or, les images à la télévision. Un job de charognards, à la limite de la légalité, dont l'existence pose plusieurs questions. Quelle est la limite ? Est-il normal de filmer un blessé plutôt que de lui venir en aide ? Est-il moral de filmer des morts ou des mises à mort ?
Au delà de ce simple exemple, Dan Gilroy nous montre l'Amérique malsaine, celle du règne de l'appât du gain médiatique, celle des petites frappes attirées par l'odeur du sang et celle des chaînes de télé qui gagnent de l'argent en jouant sur les peurs des citoyen-consommateurs. C'est tout un système qui tourne autour du crime et de son commerce que le réalisateur dénonce. Un système terrifiant surtout lorsqu'on sait qu'il est bien réél et qu'il pourrait bientôt faire des petits dans nos régions. Cette course à l'information la plus sordide et aux images les plus choc pour affoler la ménagère, ces paparazzi 2.0 et ces nightcrawlers sans vergogne, sont les symptômes d'une maladie qu'on ne peut plus ignorer : la décadence morale de l'American way of life.
Un très bon film qui, en plus d'être très bien réalisé et génialement interprété, livre un message politique qui sonne comme un avertissement. A découvrir de toute urgence !
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