"Pomper (verbe transitif) : s'inspirer d'une idée, d'un texte, copier en fraudant(populaire)"
Et ça pompe ici, ça pompe même sévère ! Entendons-nous bien, je n'ai rien contre les films prenant l'essentiel de leur "inspiration" chez d'autres. Je trouve même parfois franchement réussis ou, à tout prendre, drôles, les plagiats italiens, les films de Tarantino, les 2 en 1 chinois, ou simplement les remakes, reboots, suites et préquelles, dont nous abreuve régulièrement le cinéma, qui, tel le cannibale d'Antropophageous, est capable de se nourrir de ses propres entrailles pour se sustenter.
Le problème ici est que le patchwork de modèles (principalement Drive, mais on trouve aussi du moins évident comme The Mechanik de Lundgren, c'est dire si le bougre n'a vraiment aucun scrupule) est mis au service d'une telle bêtise que l'indulgence n'est plus de mise. Le scénario enfile les séquences déjà-vues, aligne des personnages oscillant entre le ringard et le détestable, et se permet même de jouer au malin dans sa dernière partie, ahurissante de connerie. Dernière partie introduite par une séquence animée, qui, nonobstant ses qualités intrinsèques (perso je trouve le design hideux, mais bon), casse complètement l'ambiance "survival urbain" que le film tentait désespérément de se donner, alors qu'en fin de compte Night Fare pue la culture Fast & Furious à plein nez.
Ajoutez une gestion des lieux désastreuse, un montage foutraque (ça va ensemble vous me direz), des acteurs en roue libre (fallait bien la faire), une esthétique clinquante (ah, les bagnoles sont propres, y a pas à dire), des effets numériques pas très finauds (l'ombre de la casquette sur le visage du tueur, mais lol, c'est sûr que ça va plus vite que de réfléchir 2 secondes à ton éclairage), une écriture superficielle (le compteur qui défile, OK c'est marrant 2 fois, mais en vrai ça sert à rien), un ton très "vieux-jeune", et on obtient à peu près tout ce qui ne va pas avec Night Fare. C'est pas pour dénoncer mais le mec vient de l'écurie Besson, et ça se voit.
Enfin, j'ai quand même bien rigolé, faut pas croire, surtout quand on a droit à une musique électro-branchouille épico-planante et un ralenti "trobotavu" pour montrer une meuf qui va aux chiottes. L'histoire ne dit pas si c'était la grosse commission ou juste pour changer son Tampax - j'en suis fort marri, car cela aurait été sûrement plus utile narrativement que de savoir que le loubard de service, beau comme un chroniqueur de Morandini, est fan du PSG (séquence gênante à base de "Ici c'est... PÔRIS") ou qu'il adore jouer à FIFA (séquence gênante à base de mec qui adore jouer à FIFA).
Bref, toute ma compassion aux inconscients qui ont contribué de leur poche à financer ce film sur Ulule. En même temps c'est bien fait.