Avant Night Moves j’avais déjà visionné deux films de la réalisatrice : « La dernière piste » et « Wendy and Lucy ». Au final j’ai pu constater à mon sens que la réalisatrice tente petit à petit de gommer le défaut majeur de ses œuvres, le rythme. En effet le manque de rebondissement des différentes œuvres de la réalisatrice a dû en agacer plus d’un. L’exemple le plus probant étant Wendy and Lucy qui ne contient au final qu’un seul rebondissement réel (la scène du supermarket qui nous fait passer de l’acte 1 à l’acte 2).

Le reste du temps on voyait Wendy qui déambulait dans la rue pour retrouver Lucy sa chienne. En soit rien de gênant sauf que ses œuvres ne sont ni lyrique ni sensoriel mais à l’inverse colle au plus près de ses personnages et de la réalité et franchement regarder pendant une heure une personne recherché sa chienne disparue sans rebondissement c’est long même si c’est bien interprété par Michelle Williams et bien mis en scène.

Finalement la réalisatrice a compris ses erreurs et tente d’accentuer la tension de son quatrième long métrage (en même temps c’est un thriller elle n’a pas le choix). Certes l’effort est assez minime mais il a le mérite d’exister. On a plusieurs rebondissements lors du film, la plupart n’ont aucun impact majeur sur l’histoire mais ils ont présent malgré tout.

Hormis cela on retrouve tout les gimmicks de la réalisatrice, caméra au plus près des personnages pour étudier minutieusement leurs psychologies, tentative de retranscrire le plus fidèlement possible le réalisme de la vie quotidienne (pas de course poursuite ou d’explosion dans ce thriller c’est très calme et encré dans le réel).

Au niveau de la réalisation comme d’habitude c‘est propre mais banal rien de transcendant à signaler malgré quelques fulgurances par moment (la scène du bateau qui arrive vers le barrage est bien foutu car elle montre l’immensité du barrage et par conséquent l’immensité de la tache à accomplir).

Le thème principal de ce long métrage étant l’activisme écologique la réalisatrice tente de percer les motivations de ces personnes à travers les trois protagonistes du récit. Tous ont certes le même objectif mais le même profil psychologique. Cette diversité chez les trois personnages principaux est la grande qualité de Night Moves qui bénéficie d’une interprétation solide de la part de ses acteurs bien que cela reste hétérogène.

En effet Peter Sarsgaard est le protagoniste le moins développé des trois et n’a pas l’occasion de démontrer tout son talent quant à Dakota Fanning son personnage est finalement assez irritant et on ne s’attache pas à elle. En revanche Jesse Eisenberg montre encore une fois tout son talent en campant un personnage moins détendu et désabusé que son comparse masculin et également moins à fleur de peau que Dakota Fanning. Il est donc logiquement le personnage le plus attachant du long métrage et son regard à la fois triste, déterminé et méfiant resteront longtemps dans la tête du spectateur.

Le scénario est scindé en deux parties bien distinctes. La première représente la quête des activistes et la seconde les conséquences du résultat de leurs quêtes. La encore Kelly Reichardt ne fait pas dans l’original, le cheminement du scénario est sans fausse note majeur mais manque cruellement de singularité pour surprendre. La fin du long métrage reste ouverte mais laisse le spectateur sur sa faim, on a l’impression qu’elle ne savait pas comment terminé son long métrage ce qui est décevant sur ce point.

Au final Night Moves prouve que Kelly Reichardt tente d’améliorer son style mais que sa progression reste encore lente. Etrangement Night Moves et son film le moins bien noté de sa filmographie et cela peut se comprendre car contrairement à ses précédent long métrage, Kelly Reichardt n’a pris aucun risque sur ce long métrage alors que la dernière piste et Wendy and Lucy malgré ses immenses défauts de rythme proposait un fond original. Night Moves est donc un thriller banal qui manque par moment encore de tension mais qui est bonifié par la performance de ses comédiens talentueux.

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le 10 oct. 2014

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