CRITIQUE // NIGHT MOVES DE KELLY REICHARDT
NIGHT MOVES
Synopsis
Josh est un jeune homme taciturne qui travaille dans une ferme qui produit des légumes bio. Il vit dans une communauté tournée vers l’écologie. Il se rapproche de Dena, jeune étudiante et militante plus radicale que lui. Ensemble, ils partent rencontrer Hamon, un ex-marine qui vit en ermite, et lui aussi militant. A eux trois, ils décident d’organiser une action spectaculaire : le dynamitage d’un barrage hydro-électrique situé dans la région, afin de protester contre la société de consommation et la culture industrielle. Mais l’opération tourne mal…
Night Moves est le dernier long métrage de la réalisatrice Kelly Reichardt. Il a reçu le Grand Prix au festival de Deauville en 2013.
Avec ses précédentes œuvres : Old Joy, Wendy et Lucy, La Dernière piste et Night Moves, Kelly Reichardt s’impose comme une des réalisatrices les plus atypiques du cinéma indépendant américain.
Night Moves, (littéralement, Virées nocturnes en français) est un film noir, qui nous porte au cœur du trio Josh (Jesse Eisenberg découvert dans The Social Network), Dena (Dakota Fanning découverte dans La Guerre des mondes) et Harmon (Peter Sarsgaard vu récemment dans Blue Jasmine). Tout trois animés par les mêmes convictions et la même passion : la défense de l’environnement et la lutte contre la société de consommation de masse.
Nous sommes touchés par ces personnages auxquels on s’attache très vite. Joss, un jeune homme renfermé, travaille dans une coopérative agricole, où il cultive des fruits et des légumes biologiques. Dena, joviale et ouverte sur les autres. Enfin, Harmon, barbu, est lui atypique, hermite, habitant seul un mobile home, dans un coin reculé.
Au commencement, on ne sait rien d’eux. C’est au fur et à mesure que leurs personnalités se dévoilent. Aussi, cette impression d’évoluer et d’avancer en même temps qu’eux favorisent cet attachement. C’est pourquoi, comprendre davantage les enjeux de leurs actions engendre également un sentiment de peur pour eux.
Une fois leur action terroriste accomplie, chacun tente du mieux qu’il peut de reprendre sa vie sans éveiller les soupçons. Mais le militantisme qui les unissait prendra un tournant radical suite à la conséquence tragique de leur action. La confiance laisse place à la suspicion puis à la violence. En effet, ce qui faisait la force et la cohésion du groupe s’évanouit brusquement lorsque Dena décide de briser la loi du silence.
On connaissait au départ une Dena déterminée, forte de caractère. Par la suite, dès qu’elle prend connaissance de la tragique conséquence, on découvre une autre facette de sa personnalité : la fragilité. Une fragilité engendrée par la culpabilité qui se caractérise par des crises d’urticaires violentes.
La réalisatrice nous passe alors le message suivant : qu’aussi beaux, aussi justifiables soient-les motifs qui nous animent pour faire passer un message, personne ne peut s’improviser criminel, personne ne peut supporter la culpabilité d’un acte aussi grave qu’est un meurtre.
Night Moves est un film riche. On découvre plusieurs thématiques au fur et à mesure que l’histoire se profile. C’est un film noir, à tendance sociale et écologique tourné dans une communauté qui ne vit que des produits de la terre. En parallèle la réalisatrice nous dévoile comment se monte une opération clandestine et comment se fabrique une bombe artisanale. Tout ceci entremêlé de paysages magnifiques à couper le souffle.
La tension que laisse percevoir la bande-annonce n’est pourtant pas vraiment présente. Mais il est indéniable que la réalisatrice maîtrise parfaitement les codes du film noir. À savoir, le suspens, la paranoïa, etc. Les décors, la nature, le calme et l’introversion des personnages donnent à Night Moves une ambiance Zen, voire sereine. On est subjugué par la beauté des paysages et comme hypnotisés par la performance des acteurs.
Night Moves, un thriller écologique à découvrir absolument.