C'est joli, une ville, la nuit

Après le choc que fut pour moi la découverte de Jarmusch via Only lovers left alive, l'envie était forte de transformer l'essai en m'intéressant à ses films précédents.

Près de 25 ans séparent la divine production vampiresque de Night on earth et, esthétiquement, le choc est effectivement de taille. Le grain de l'image de 1991 est daté, par trop vintage, la photographie (pour moi) peu intéressante - d'autant que les deux films se déroulent de nuit, donc le parallèle est assez facile. Et surtout, SURTOUT, la magie ne prend pas. Loin de moi l'idée de critiquer un scénario que j'ai trouvé plutôt rigolo, ces 5 taxis dans 5 villes différentes occasionnant rencontres et hasards du soir au matin.

Simplement, je me suis ennuyée, les situations sont globalement poussives, on ne rit pas quand vraisemblablement il le faudrait (la saynète à New York qui fut pour certains un immense fou rire ne m'a quasiment pas déridée une seconde) - pour moi, seules les deux dernières histoires, à Rome et à Helsinki, sont vraiment riches et sauvent l'ensemble du ratage total.

Benigni fait du Benigni et on ne peut pas lui en vouloir - il est irrésistible mais un peu fatigant à la longue. Le taxi finlandais est l'occasion de revenir, pour le chauffeur, sur la terrible tragédie qui l'a frappé - et voilà que la comédie légère du départ se mue en drame social. C'est ce mélange des genres que j'ai préféré, mais qui est trop rare ici.

A aucun moment, toutefois, je n'ai été embarquée dans ce film beaucoup trop marqué "humour et situations 90's" pour me parler. J'ai lu ça et là que nous étions avec Night on earth face à un sympathique buddy-movie. Certes. Mais c'est gentillet, un peu trop mignon, un peu trop policé et cliché à mon goût.

Comme en littérature, ce n'est définitivement pas avec de bons sentiments que l'on fait du bon cinéma.