Il y a des films qui se regardent comme une gifle : brutaux, rapides, et vaguement douloureux. Night Watch fait partie de cette catégorie. Premier volet d’une trilogie avortée, ce film russe réalisé par Timur Bekmambetov est un mélange explosif de folklore slave, de bataille millénaire entre le Bien et le Mal, et de mise en scène sous amphétamines. On en ressort sonné, un peu perdu, mais pas indifférent.
Un univers fascinant et chaotique
L’histoire ? Anton Gorodetsky, un type lambda, apprend qu’il existe des « Autres », des êtres dotés de pouvoirs qui se répartissent en deux camps : les forces de la Lumière et celles des Ténèbres. Un pacte ancestral maintient une paix précaire entre les deux, mais évidemment, quelque chose vient tout foutre en l’air. Ajoutez à ça une malédiction, des visions inquiétantes et une esthétique gothico-industrielle, et vous obtenez un cocktail étrange, à mi-chemin entre Matrix et une nuit blanche trop arrosée dans un club underground de Moscou.
L’univers est d’une richesse dingue. Bekmambetov s’appuie sur le roman de Sergei Lukyanenko et injecte une bonne dose de désordre visuel et narratif. Si l’histoire captive par ses enjeux et son atmosphère pesante, elle a aussi un côté fouillis qui peut perdre le spectateur. On jongle entre prophéties, manipulations, et personnages énigmatiques, le tout emballé dans un style qui frôle l’overdose sensorielle.
Une mise en scène qui ne tient pas en place
Bekmambetov ne filme pas, il mitraille. Sa caméra virevolte, zooms et ralentis s’enchaînent, et l’éclairage donne l’impression que tout le film se passe sous un néon défectueux. Ce qui fonctionne à certains moments (l’immersion est indéniable) devient parfois éprouvant, surtout si vous avez le malheur d’être un peu sensible aux flashs incessants. Disons que Night Watch n’a pas été conçu pour les âmes épileptiques.
Les effets spéciaux, eux, font le boulot. Rien d’extraordinaire pour un œil moderne, mais ils s’intègrent bien dans l’esthétique du film, suffisamment pour ne pas briser l’immersion. Ce n’est pas du grand spectacle à l’américaine, mais un bricolage ingénieux qui donne au film une patine un peu crasseuse, pas désagréable.
Un film imparfait mais mémorable
Alors, Night Watch, génie ou chaos ? Un peu des deux. L’histoire est prenante, l’univers est fascinant, et l’énergie du film est indéniable. Mais son style agressif et son côté brouillon peuvent rebuter. C’est un film qui demande un effort, qui ne cherche pas à être accessible, et qui n’a pas peur de perdre ses spectateurs en route. Une expérience étrange, dérangeante et originale, qui mérite d’être vue – au moins une fois, si vous avez les nerfs solides.