C'est bien en ce mois de janvier 2022 que nous ai parvenu dans l'hexagone le 11eme long métrage de Guillermo Del Toro. Celui-ci étant mon réalisateur favoris, j'attendais son nouveau cru avec beaucoup d'impatience, d'autant plus que les 1eres images et le 1er trailer avait réussi à me hyper d'autant plus. Qu'en est-il donc de ce nouveau film, le plus long de sa filmographie et surtout son 1er sans fantastique ni monstre ?
2nde adaptation du roman de William Lindsay Gresham après celle de Edmund Goulding en 1947 (je n'ai au jour où j'écris ces lignes ni lu le roman, ni vu le film de 1947), Del Toro nous propose ici un véritable film noir dans lequel transpire bel et bien sa patte bien reconnaissable tout du long de cette plongée sombre dans l'histoire de Stanton Carlisle.
Nightmare Alley est le film le plus "froid" du réalisateur mais surtout le moins chaleureux. Cela n'est d'ailleurs en aucun cas un défaut, le film prenant absolument tout son temps pour nous présenter et nous faire comprendre tout ses personnages ainsi que son univers avec une rare efficacité.
On pourra arguer que ce ne sont pas les personnages les plus attachants de la filmographie du mexicain mais là n'est pas le but ni l'intérêt, bien au contraire.
Les personnages, en particulier notre protagoniste, joue constamment sur la moralité de ses actes de ses conséquences qu'il en soit conscient ou non. Le mensonge et donc par extension la vérité devient le terrain de jeu de tout les échanges, de toute les discussions, de tout les actes.
Jusqu'où peut on aller en travestissant la vérité, la morale, avant que le château de cartes s'écroule ?
Les 2h30 ne paraissent jamais en trop, tant le développement de tout son récit est d'une grande précision. Une grande maitrise du rythme, toujours avec le bon ton, permettant d'accroître la tension au fil du métrage et de déstabilisé habilement son personnage principal.
Jamais une séquence parait futile, jamais un plan parait trop long ni trop court, Del Toro prouvant encore ici qu'il est un immense cinéaste.
Forcément avec ce dernier, ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de monstres qu'il n'y a pas de questionnement sur la monstruosité de l'être humain, de par son apparence et son état ou de par ses actes et ses crimes. Et cela permet de reposer la question propre à chacun des films du mexicain : qui est le véritable monstre ?
Visuellement, c'est tout simplement sublime encore une fois que ce soit le travail de Dan Laustsen ou les somptueux décors en particulier lorsqu'on est avec les forains, nous donnant des images et des séquences assez folles (celle du palais des péchés en est l'une des plus marquantes).
Bien entendu, étant un film noir, on retrouve dans Nightmare Alley un somptueux jeu de lumières et de noirs qui régale la rétine et renforce chaque scène.
Enfin les costumes sont eux aussi absolument brillant, achevant la reconstitution de cet univers en l'an 1941, classe, méticuleux et remplis de façades, le tout accompagné d'une belle partition de Nathan Johnson.
Nightmare Alley n'aura beau pas se classer en haut de la filmographie de son réalisateur (ce n'est pas un chef d'œuvre), cela reste une œuvre diablement efficace, intéressante, riche au possible, qui laisse son spectateur sur une note légèrement fataliste mais ô combien réussie.
N'hésitez donc pas à découvrir ce métrage, d'autant plus en salles tant ses qualités (y compris son travail du son) y sont totalement déployés.