La maison de production Blumhouse, c'est un peu tout ou rien. D'un côté, nous avons l'usine aux impostures horrifiques, produites pour quelques kopecks et pas l'ombre d'une idée novatrice (coucou la saga Paranormal Activity). De l'autre, le bastion vénéré d'auteurs sur le retour (M. Night Shyamalan) ou en devenir (Jordan Peele). Bref, on ne peut jamais être sûr de ce qu'on va voir. Une chance, quelque part.
Avec Nightmare Island, je pensais que Blumhouse allait pencher du côté de la première catégorie. Grosse erreur puisque le film est en fait un héritier des productions Asylum (vous savez, ce studio qui enchaîne les navets à base de requins, d'aliens et de nazis). Comment s'y préparer ? On nous vend une histoire impliquant de jeunes chanceux réunis sur une île pour participer à un jeu (réaliser leurs fantasmes) qui tourne mal.
En toute logique, on s'attend à un plaisir coupable qui aime jouer au yo-yo avec notre tension et faire gicler l'hémoglobine. Pas à un défilé presque ininterrompu de poncifs éculés et d'idées scénaristiques déviantes. Pour la faire courte, imaginez l'hybridation entre la série Lost et Red is dead (le faux-film d'horreur de La Cité de la peur) et vous aurez une petite idée du spectacle.
Nightmare Island, c'est surtout le monde à l'envers. Quand le film tente de faire peur il fait rire, et quand il veut faire rire il fait peur. Et ça, ce n'est que la partie immergée de l'iceberg. Les scénaristes (il y en trois !) ont mis le paquet : l'intrigue déborde d'incohérences et les personnages sont au régime zéro neurone. Très vite, le jeu consiste à compter le nombre d'aberrations à l'écran. J'ai fini à une bonne cinquantaine mais ne vous en faîtes pas j'ai dû en oublier pas mal en chemin. Entre les comportements stupides, les transitions sans queue ni tête, les personnages qu'on-sait-pas-d'où-ils-sortent-ni-à-quoi-ils-servent ou les rebondissements insolites, on est cerné de toute part. Ça ne s'arrête jamais. C'est à se demander si on ne tient pas un nouveau volume du grand nanar illustré.
Mais l'effet bénéfique, c'est que le film devient subitement jubilatoire. Que faire d'autre face à tant de ratés, de comédiens démotivés (Michael Peña, Michael Rooker passent prendre leurs chèques) ou simplement mauvais (désolé Lucy Hale) ?
Je me console en me disant qu'ils pourront chacun se vanter d'avoir un film aussi singulier à leur C.V, et permettre à Blumhouse de concourir au palmarès des pires films de l'année alors qu'elle vient à peine de débuter.