Je ne connaissais pas Niki de Saint Phalle avant d'entendre parler de ce film, et on aura d'ailleurs pas l'honneur au cours de ce long-métrage de voir à quoi ses œuvres ressemblaient pour des raisons de droits si j'ai bien compris.
Céline Sallette utilise plutôt bien cette contrainte pour en faire quelque chose d'artistique avec ce premier long-métrage, assez éloigné de ce qu'on retrouve dans la plupart des biopics. Celui-ci est bien moins convenu formellement et ça donne des scènes magiques comme la rencontre avec Jean ou encore un flashback en split screen avec des métaphores évidentes dedans mais qui est très efficace.
C'est assez particulier de suivre un personnage qui souffre d'une maladie mentale à un degré aussi fort et c'est évidemment très triste de se dire que tout ça est grandement lié à des traumatismes de son enfance.
Je trouve que c'est suffisamment bien réalisé pour comprendre que cette femme très imprévisible a surmonté son passé difficile pour se libérer à travers des créations d'une part. Comme je l'ai dit plus haut on ne voit pas les œuvres terminées mais on la voit les concevoir, on comprend que ça part dans tous les sens mais que rien n'est gratuit, qu'il y a une part d'instinct mais beaucoup de vision de sa part derrière ces créations.
D'autre part, il y avait un risque énorme avec un tel sujet de tomber dans le pathos, dans le trop-plein, et Charlotte Le Bon a vraiment bien bossé pour rendre crédible à l'écran ce personnage sensible, fragile mais qui a beaucoup de rage en elle, de colère. Je ne sais pas si c'est fidèle à la réalité, je ne sais pas si ça représente bien l'artiste qu'était la véritable Niki, mais j'ai trouvé que c'était la vision assez touchante qu'une cinéaste a d'une artiste méconnue des lambdas comme moi qui n'y connaissent rien dans ce domaine.