Acquise à la cause de 1) Charlotte Le Bon, actrice, réalisatrice, illustratrice, plasticienne fascinante et 2) Niki de Saint Phalle, l'une des premières artistes dont j'ai découvert l'œuvre au collège, il y avait néanmoins peu de chances que je m'illusionne sur la qualité de ce biopic : je suis impitoyable avec les films français.
Eh bien j'ai trouvé ça sublime.
L'atmosphère, la musique, la surimpression colorée, les tenues de l'artiste (qui donnent envie d'enfin acheter les Polley Dr Martens avec lesquelles Angèle me tente déjà depuis longtemps), même l'écran séparé que certains s'empresseront de taxer d'accessoire... Pour moi tout fonctionne.
Quant au resserrement du film sur dix années : c'est encore oui !
Céline Sallette a choisi de montrer la période de la vie de Niki la plus bouleversante, la plus inouïe surtout. Sortie brutalement d'une amnésie traumatique, Niki trouve le moyen d'exprimer sa colère à travers des œuvres plastiques dont l'aspect final, ne pouvant figurer à l'écran pour des raisons de droits, me semble de toute façon moins intéressant que la longue recherche préalable, le tâtonnement. Ces hésitations concernent le support, la matière, mais aussi les conditions de travail de l'artiste, qui pour accomplir sa métamorphose finira par choisir, non sans peine, d'abandonner ses deux enfants ainsi que son mari.
Pour couronner le tout j'ai trouvé cela très instructif, et la migraine que je traînais depuis deux jours s'est estompée au fur et à mesure du film, mimant la libération progressive de Niki (par son art, tandis que moi c'était par une bouteille de Coca tiède achetée très peu chère à l'entrée de la salle Michel Legrand).
Je dédicace cette critique à la dame qui a dit, en sortant de la séance : "C'était très bien, pourtant l'actrice est une ancienne miss météo de Canal Plus."
Niki, Charlotte, Céline, on a encore beaucoup de taf ; c'est portée par des œuvres comme ça que je peux faire ma part. Merci.
PS. Quand je vois au cinéma un film qui traite d'inceste, je n'oublie jamais qu'il y a, peu importe combien peu nombreuxses sont les spectateurices, toutes les chances que quelqu'un, quelqu'une, s'identifie douloureusement à ce qui se joue à l'écran.