Drôle, émouvant, décalé, extrêmement intégriste (on y reviendra), avec une très belle animation (on adore le design, surtout après avoir vu la tronche ultra-enfantine et simpliste de la BD originale, chapeau aux artistes : ils sont partis de loin), Nimona nous a embarqué dans son délire. L'intrigue est nouvelle par rapport à la web-BD, inventant une histoire de complot à démanteler qui va bien au teint de cet animé (facile à comprendre pour les plus jeunes, intrigante, pleine de rebondissements), la petite Nimona est moins dangereuse mais beaucoup plus drôle, et le refus de donner l'origine de ses pouvoirs et l'absence de sa famille forcera les curieux à un peu de lecture (pour les fainéants :
elle a voulu protéger son village de mercenaires en étant transformé en dragon par une gentille sorcière, mais n'a pas été reconnue et chassée par sa propre famille, et le temps d'apprendre à revenir à sa forme humaine, le village a été réduit en cendres...
Maintenant, vous savez.), et pour le Sire Ballister, on note un grand changement : son homosexualité. Si sa version originale suggère une "amitié qui pourrait être plus" entre lui et Ambrosius, l'animation met le holà à la première minute, et y revient toutes les dix minutes, pour une relation ultra-niaise et "légèrement forceuse d'opinion" (un contre-emploi qui n'appelait qu'un peu de modération pour passer). Surtout qu'on est d'emblée désarçonné par l'aspect très futuriste de ce Moyen-Age, avec tous ces smartphones, ces hologrammes, ces réseaux sociaux...mais des intolérances datées. Le monde futuriste avec des mentalités du passé, cela a du mal à rester crédible. Mais, puisqu'il y a un grand "Mais", on n'arrive pas à bouder bien longtemps devant ce beau doublage de Benjamin Penamaria (la voix récurrente d'Oscar Isaac) et Lisa Caruso (celle de Chloë Grace Moretz, voix de Nimona en VO), devant l'enquête qui nous fait chercher une solution en même temps que Ballister, devant le rythme très soutenu, devant le caractère "chien fou" de Nimona qui est très agréable, devant le très joli design, devant le final qui nous laisse sans un mot... Beaucoup de bonnes idées, tant visuelles que narratives, avec juste une lourdeur sur le propos intégriste (on enlève simplement les gros sabots, et la cause marchera mieux) et un côté niais, mais dès le final (très beau), on rêve de retrouver ces deux adorables compères pour de nouvelles aventures encore plus dingues... Scénaristes, dessinateurs, animateurs : faites chauffer les crayons ! Nous aussi, comme Nimona, on sait être pénible : la suite ! La suite ! La suiiiiiii....