Injustices et préjugés

Quel dommage que cette adaptation du roman graphique Nimona n'ait pas eu de sortie en salles.

En effet, ce film mériterait plus de reconnaissance car il est inédit dans sa manière d'aborder des thèmes sérieux de façon pas toujours évidente.

Placé dans un Moyen-Âge futuriste et propagandiste, Nimona nous mets face aux injustices et aux idées préconçues avec Balister, un chevalier accusé à tort de meurtre qui devra compter tant bien que mal sur l'aide de la métamorphe Nimona.

Le duo principal est le coeur du film: les deux protagonistes nous font rire aussi bien qu'ils nous touchent à travers leurs échanges où la compréhension n'est pas toujours au rendez-vous et, également, à travers leurs arcs de personnages respectifs s'apprenant tous deux des choses l'un à travers l'autre et devant apprendre à cohabiter pour survivre.

Mieux encore, Nimona ne mets pas en scène des personnages manichéens. Les antagonistes sont persuadés d'agir pour la justice, les protagonistes ont des mésententes, les autres personnages sont lâches.

De plus, à travers un régime chevaleresque aux valeurs discutables, un mur bloquant l'accès à un monde de "monstres" et le personnage de Nimona rejeté car étant métamorphe, le film fait une métaphore sur les dangers des dictatures, la peur de l'inconnu et le rejet des êtres n'étant pas conformes aux normes sociétales.

L'auteur(ice) du roman graphique d'origine parlait-iel d'iel-même à travers le personnage de Nimona car étant non-binaire?

Revenons au film.

En plus d'avoir une histoire bien écrite, le film est très beau et magnifiquement animé.

De plus, la musique de Christophe Beck est également magnifique que ce soit au niveau des scènes contemplatives, passages émouvants ou encore des scènes dynamiques où se mêlent tension et humour.

Puisqu'on parle de son, parlons du doublage. Donald Reignoux était aux commandes de ce dernier. Il s'est entouré de voix du doublage connues comme Lisa Caruso, Benjamin Penamaria, Guillaume Lebon, Juliette Degene, Michèle Bardollet, Emmanuel Garijo, Alexis Tomassian, Dorothée Pousséo ou encore Emmanuel Curtil.

Rien à dire à part le fait qu'ils font tous un travail impeccable en donnant vie à chaque personnage qu'ils interprètent.

Ah, puisqu'on parle de personnages. Si la plupart d'entre eux comme Balister, Nimona ou la directrice des Chevaliers sont intéressants à suivre...

..., ce n'est pas le cas du personnage du Chevalier Ambrosius.

Sur le principe, ce dernier aurait pu être un personnage intéressant tiraillé entre sa position sociale et ses sentiments personnels envers Bail représentant la sécurité sociétale mise à mal par la recherche d'une vérité dangereuse dont on nie l'existence parce que se fier à ce que l'on voit est plus rassurant que la dite vérité en question.

Malheureusement, durant tout le film, Ambrosius n'a rien de tragique. En effet, à chaque fois que le personnage a une occasion de se remettre en question ou qu'on imagine qu'il est sur le point de le faire, il reste constamment borné. Résultat, il n'est rien de plus qu'une tête-à-claques incapable d'admettre des évidences car préférant se fier à des apparences plutôt qu'à ce qu'il ressent même lorsqu'il devient évident qu'il est dans le mauvais camp.

Résultat, au lieu de voir un personnage tragique en plein dilemme cornélien, on a juste l'impression de voir un sale type bouché incapable de prendre les perches qu'on lui tend.

Cependant, malgré ses défauts, Nimona est un excellent film qu'il faut voir au moins une fois car c'est une vrai pépite qui a beaucoup à offrir.