Ce nouveau projet d'animation Netflix entreprend, tout comme l'excellent Klaus produit et diffusé sur la même plateforme, de rebooster le dessin en deux dimensions en travaillant l'image pour lui conférer un rendu qui évoque la 3D. Si cette démarche n'est pas du goût de tout le monde, elle permet indubitablement de revivifier la 2D par toute une série d'expérimentations sur la profondeur de champ et une liberté accrue de la caméra, capable d'opérer pléthore de mouvements et plans "impossibles" à la Panic Room.
Bien que le film soit très classique et plutôt prévisible dans son déroulé et son message rebattu mais sincère d'ouverture à l'autre et de tolérance, il rappelle avec fracas qu'il n'y a pas de mauvais sujets au cinéma, juste de mauvais traitements. Si de nombreux pisse-froids blasés ne pourront s'empêcher de fustiger le caractère trop balisé de son intrigue et de ses caractères, c'est pourtant à l'aune de sa conception que Nimona procure un plaisir sensoriel de tous les instants.
Impossible d'évoquer de manière exhaustive le foisonnement graphique de l'œuvre, qui exploite à son plein potentiel les possibilités d'un médium affranchi des contraintes physiques du monde réel. Aussi bien les séquences d'action que les moments d'intimité font montre de la même soif de créativité par l'entremise de la couleur, de la lumière, de mouvements toujours parfaitement fluides et de métamorphoses organiques étourdissantes.
Ajoutez à cela un univers inédit qui mélange moyen-âge et SF futuriste avec un luxe de détail permanant et des emprunts postmodernes toujours pertinents à plusieurs pans de culture populaire (Donjons et dragons, Blade Runner, Star Wars et même Godzilla sont de la partie), et vous obtenez un ravissement perpétuel des sens et de la rétine. L'un des meilleurs films d'animation de 2023, en espérant que Netflix persévère de la sorte dans son catalogue animé.