Après une petite poignée de comédies inoffensives et peu attractives, Joel et Ethan Coen allait retrouver le chemin du succès avec No Country for Old Men, adaptation du roman éponyme de Cormac McCarthy, renouant ainsi avec leur genre fétiche depuis Blood Simple, le film noir décalé.


A partir d'une intrigue toute simple, les frangins vont parvenir à enfanter un pur diamant noir, le genre bien brutal et tranchant sur les coins, difficilement accessible pour le néophyte car ne se laissant pas apprivoiser si facilement. Avec son rythme lancinant, ses longues plages de silence, ses paysages arides en parfait contrepoint d'une ambiance glaciale, No Country for Old Men n'est assurément pas le film le plus commercial des Coen malgré sa pluie de récompenses.


Sans aller jusqu'à l'abstraction d'un Barton Fink ou d'un A Serious Man, No Country for Old Men est un véritable poème funeste, une traque existentialiste où la faucheuse est présente à chaque instant, merveilleusement incarnée en la présence du fantomatique Javier Bardem, absolument terrifiant en ange de la mort à la logique toute particulière. Un regard désabusé sur le temps qui passe et notre condition d'être humain, pieds et poings liés que nous sommes face aux caprices du destin.


Ce qui n'empêche pas le long-métrage d'être imprégné d'un humour extrêmement noir et tordu, laissant un goût de fumier dans la bouche d'un spectateur ayant (presque) honte d'esquisser un sourire face aux atrocités se déroulant sous ses yeux. Dans No Country for Old Men, on ne rit pas à gorge déployée, on ne se poile pas dans une ambiance décontractée et bonne enfant, non, on rit jaune et sans la ramener, coupables que nous sommes d'avoir été pris en flagrant délit de fou rire incontrôlable.


Porté par un excellent casting (Tommy Lee Jones pète la classe et Josh Brolin trouve enfin un rôle digne de son charisme), No Country for Old Men est également un putain de bon western moderne, à la violence sèche et soudaine, magistralement mis en scène avec un talent frôlant l'impertinence par les terribles frangins. Sublimé par la photographie magistrale de Roger Deakins, No Country for Old Men est assurément une immense réussite de plus dans la filmographie des Coen, si ce n'est une des plus grandes.

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le 29 nov. 2015

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Gand-Alf

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