Les frères Coen ont su faire leurs preuves depuis fort longtemps. Cela ne les empêche pourtant pas de réaliser à chaque fois des films tout aussi différents que magnifiques. Adaptation du roman éponyme de Cormac McCarthy, No Country for Old Men sort en salles en 2008. Le film se regarde facilement, prend constamment aux tripes de la première à la dernière seconde. Cette dernière seconde... Soudain : générique. Et on reste encore abasourdi par ce western moderne poignant, violent, haletant, parfait.
L'histoire d'un simple chasseur qui trouve une mallette pleine de fric et qui se retrouve pourchassé par son propriétaire, lui-même pourchassé par la police et un autre tueur à gages. C'est aussi simple que ça. Et pourtant, on reste happé par la puissance des images, par le rythme hautement soutenu, par l’imprévisibilité de la violence qui surgit de nulle part, par la tension suintante, par l'efficacité dingue de cette chasse à l'homme aussi banale que hors du commun.
La réalisation de Joel Coen est sidérante de beauté et d'humanisme, mettant en scène des acteurs tout bonnement incroyables (dont un impressionnant Javier Bardem) dans des décors brûlants, sans âge, à la fois communs et effrayants. Un motel, un magasin, une ruelle. L'atmosphère du film reste constamment étouffante, composée de passages calmes qui se retrouvent momentanément bouleversés par une action vive et sanglante (la scène du motel encore une fois est dotée d'un suspense impensable). Une traque sans pitié prenante et ahurissante dont on reste indéniablement cloué. Un chef-d'œuvre sombre, poétique, intemporel.