Wow ! Trompé par une critique qui, soucieuse de "vendre" le film, parlait de scènes hilarantes, je me suis pris le "dernier Coen" en pleine figure... Car "No Country for Old Men" dissimule derrière son impressionnante maîtrise technique (voilà longtemps, depuis les "classiques" d'Eastwood peut-être, que je n'avais vu un film aussi bien composé, entre images sublimes, rythme et timing parfaits, interprétations ne méritant que des superlatifs) une crise existentielle d'une noirceur aiguë, qui désarçonne d'autant plus que le basculement dans le désenchantement et finalement, le désespoir, s'effectue de manière littéralement sidérante : après une heure et demi de scènes d'anthologie, d'une violence et d'une tension exceptionnelles, le film semble se détacher de la narration, et se met à planer, régulièrement en retard ou en surplomb de son récit, pour nous parler d'une voix littéralement désemparée de l'insoutenable poids de la violence qui a modelé la société US. Attention, chef d'oeuvre absolu. [Critique écrite en 2008]