Le Texas. Il y fait chaud. La vie y est rude. Et rien ne s'arrange quand un psychopathe avec une coiffure improbable débarque en ville. C'est dans ce contexte que se déroule "No Country for Old Men", douzième film des frères Coen, et chef-d’œuvre du genre.
Llewelyn Moss (Josh Brolin) est un vétéran du Vietnam. Alors qu'il chasse dans le désert par une après-midi dégagée, il tombe par hasard sur les corps de trafiquants de drogue ainsi que sur une mallette contenant deux millions de dollars. Malheureusement pour lui, un tueur à gages (Javier Bardem), entend bien s'emparer du butin. Le shérif Bell (Tommy Lee Jones) est également sur le coup ...
"No Country for Old Men" est un savant mélange entre le polar brut et dur, comme les Américains savent si bien le faire, et un western des temps modernes. C'est ainsi qu'avec son chapeau et ses bottes, Llewelyn se pose comme le cow-boy qui entend bien mener la vie dure à l'Indien. Mais d'Indien il n'y a point dans ce film. En effet, l'antagoniste est beaucoup plus ambigu qu'on ne pourrait le croire. C'est en fait un psychopathe fou-furieux, c'est pourquoi il serait malaisé de qualifier ce long-métrage de classique. A vrai dire, c'est tout le contraire. Les frères Coen ont eu la bonne idée de nous plonger à la fois dans les deux points de vue, à savoir celui du gentil et celui du méchant. Ainsi, on se rend bien compte que leurs intentions ne sont pas très éloignées. Le film n'a donc pas ce côté lisse qui gangrène tant d'autres œuvres. Mieux encore, "No Country for Old Men" est aussi un voyage exploratoire, une sorte de guide des sens qui nous pousse à réfléchir sur des thèmes comme le destin, l'avidité, le temps qui passe ou la vieillesse et ce toujours avec la pointe de cynisme qui caractérise le cinéma des frères Coen.
Le long-métrage nous offre également des performances d'acteurs excellentes. Celui qui tire son épingle du jeu est bien évidemment Javier Bardem, habité par son rôle d'assassin au cœur de pierre. L'ambiance est violente. C'est une violence souvent visuelle mais le plus souvent psychologique. L'absence d'une bande son contribue à renforcer ce climat de peur perpétuelle. On est ainsi bercés par le bruit du vent et le tintement des douilles qui atterrissent sur le sol.
Pour conclure, cette œuvre signée Joel et Ethan Coen est brillante à tout point de vue. Le film a le mérite de ne pas être qu'un simple polar. Il inclue également des éléments du western, il mise sur une réalisation à ambiance et il joue habilement sur la folie des personnages. La souris gagnera-t-elle ? Ou peut-être que ce sera plutôt le chat ? Le film est suffisamment malin pour ne pas se terminer de manière conventionnelle.
Chef-d’œuvre !