Les frères Coen livrent avec No Country for Old Men une œuvre à la fois fascinante et déroutante, qui oscille entre chef-d’œuvre et frustration. Adapté du roman de Cormac McCarthy, le film brille par son ambiance aride et son esthétique soignée, mais laisse aussi perplexe par son rythme lent et sa conclusion déconcertante.

D’un point de vue visuel et sonore, No Country for Old Men est une réussite incontestable. La photographie signée Roger Deakins magnifie les paysages désertiques du Texas, renforçant le sentiment d’isolement et de fatalité qui pèse sur les personnages. La quasi-absence de musique accentue cette atmosphère anxiogène et plonge le spectateur dans une tension brute et réaliste.

Le jeu des acteurs est un autre atout majeur du film. Javier Bardem incarne Anton Chigurh avec une froideur implacable, offrant l’un des antagonistes les plus marquants du cinéma contemporain. Son regard vide, son comportement imprévisible et son étrange pistolet à air comprimé en font une menace omniprésente et terrifiante. Tommy Lee Jones, dans un rôle plus contemplatif, apporte une gravité émouvante en shérif désabusé face à une violence qu’il ne comprend plus. Josh Brolin, quant à lui, livre une performance solide en homme ordinaire pris dans une spirale infernale.

Cependant, le film n’est pas sans défauts. Son rythme lent, bien que justifié par son ambiance pesante, peut rebuter certains spectateurs, surtout dans sa deuxième partie où l’action laisse place à une réflexion plus philosophique. Cette lenteur, couplée à une mise en scène parfois minimaliste, donne l’impression que le film s’étire inutilement par moments.

Enfin, la fin du film divise. L’absence de climax traditionnel et la conclusion abruptement philosophique laissent une impression d’inachevé. Plutôt qu’un duel final attendu, le film s’achève sur une réflexion sur l’impuissance et le destin, une approche audacieuse mais frustrante pour ceux qui attendaient une résolution plus marquée.

En somme, No Country for Old Men est un film magistralement interprété et esthétiquement abouti, mais son rythme contemplatif et sa fin énigmatique en font une expérience exigeante. C’est un film qui ne cherche pas à plaire à tout le monde, mais qui marque profondément ceux qui acceptent de se laisser happer par son atmosphère implacable.

Remy_Fgt
6
Écrit par

Créée

le 8 févr. 2025

Critique lue 13 fois

Rémy Underwood

Écrit par

Critique lue 13 fois

D'autres avis sur No Country for Old Men

No Country for Old Men
Strangelove
10

Le rouge et le (très) noir

Que se passerait-il si les frères Coen se prenaient à mélanger la violence crue d'un Fargo avec la noirceur d'un Blood Simple ? Je ne sais pas pour vous, mais j'appellerait ça un chef d'oeuvre. Et...

le 11 févr. 2016

117 j'aime

1

No Country for Old Men
DjeeVanCleef
9

Pile ou face

Texas, début des années 80. Alors qu'il chasse à l'ouest de l'état, sur ce territoire encore sauvage, coincé entre les Etats-unis et le Mexique, Llewelyn tombe sur un carnage, une hécatombe : un deal...

le 10 mai 2014

109 j'aime

9

No Country for Old Men
ErrolGardner
10

Non, ce monde n'est pas fait pour un vieux shériff désabusé.

Le film divise. Il y a ceux qui sont dithyrambiques, et il y a ceux qui crient à la tromperie, au simulacre de chef-d’œuvre. Je fais partie intégrante des premiers, et je le hurle sur tous les...

le 23 avr. 2013

101 j'aime

5

Du même critique

Taken 3
Remy_Fgt
6

Bryan Mills peut enfin partir en retraite!

Après avoir plombé 200 albanais dans un premier volet très réussi et descendu tous leurs cousins dans un deuxième opus copié/collé du premier.. La déception de "Taken 2" nous faisait redouter la...

le 25 janv. 2015

3 j'aime

1

Little Boy
Remy_Fgt
7

Petit bonhomme, grande volonté !

Un contexte : La Californie pendant la seconde guerre mondiale Un personnage : Ce petit gars de 8 ans Une question : Y'a-t-il quelque chose de plus fort que la volonté? "Little Boy", c'était écrit...

le 14 mai 2017

2 j'aime

Les Tuche 3
Remy_Fgt
2

Le summum de la beauferie

92 minutes de souffrance absolue, un record inégalé de vide absolu cinématographique et trois AVC plus tard, me voici en train d'écrire cette critique. Comment commencer cela? J'ai été assez...

le 6 févr. 2018

1 j'aime