No et moi est une immense purge consternante bouffie de moralines et culpabilisatrice à mort. "Une ado rencontre une SDF de quelques années son aînée et parce qu'elle a bien apprise les valeurs judéo-chrétienne au caté, elle veut son salut et que ses parents l'accueillent chez eux..."
L'histoire s'embarque dans le plus attendu du commun des clichés éculés, avec un chrono mental qui s'enclenche à chaque scène : top, mais dans combien de temps cette amitié va mettre en péril l'innocence de la tendre enfant au grand cœur (yerk!)? Top, dans combien de temps la jeune va remettre en cause le confort petit bourgeois ? Top, dans combien de temps va-t-elle trahir la confiance de cette si charmante famille en refusant de s’insérer dans ce monde merveilleux du consumérisme moderne ? Etc.
Tout arrive dans l'ordre classique d'un drama pourri convenu, jusqu'à la morale finale à vomir...
L'histoire, basé sur un bouquin de Delphine de Vigan qui a du se documenter à fond en regardant deux reportages chocs de W9 presque en entier, l'histoire donc, se veut surtout super pédagogique, avec des personnages face caméra, la voix chevrotante, qui récitent les chiffres véritables certifiés par l’INSEE, puis la caméra s'attarde sur des camps de SDF en épargnant aucun plans putassiers au spectateur.
Les personnages affligeants sont à la ramasse, No (Julie-Marie Parmentier) n'a que deux modes : hystérique joyeuse, hystérique triste, Lou (Nina Rodriguez) trop mignonne, gentillette pour incarnée une surdouée, se cantonne à être gentille à l'extérieure, odieuse avec ses parents. J'épargne les parents, Bernard Campan et Zabou Breitman ont déjà prouvé par ailleurs qu'ils peuvent être très bon...
Bon, tout ça ne fait qu'un métrage médiocre à vocation sociale tire ta larme, mouche-toi, non, encore, tu en as sur la joue, non l'autre... Il faut attendre la morale finale pour paracherver l'entreprise de démolition.
Déjà que Zabou Breitman (qui avait pourtant commis Se souvenir des belles choses cette merveille) ne sait pas quoi faire de son sujet, les bobines défilent sans qu'on sache rien sur la jeune à la rue, juste, elle picole et elle est hystérique. Lou n'apprend rien, sur elle, ses parents, tombe en amitié sans raison, ne sort même pas avec le copain bien pratique (il a un appart à lui tout seul), rien.
Surtout, la fin, putain ! Donc sans trop dévoilé mais bon autant se coller du tabasco dans l’œil gauche pour voir ce que ça fait pendant une heure trente huit, vous perdrez moins votre temps que regarder ce truc, donc à la fin, la démonstration est faite que le déterminisme social s'applique fatalement à cette engeance de sales clochards alcoolisés : ils sont pas récupérables, ils mentent, trahissent votre belle confiance, vos valeurs chrétiennes, etc.
En gros, vous pouvez leur filer une pièce, mais d'une part ils vont la boire et d'autres part ils sont pas à plaindre car ils se complaisent dans leur état, salaud de pauvres !
Aucune rédemption, aucune sortie, pas de vie en marge, il n'existe que le confort petit bourgeois.
Nous voilà bien rassuré grâce à cette belle dose de cynisme bien pensant.