Ce film n’a pas été distribué en salles et l’on comprend pourquoi. D’abord les acteurs (même les requins) jouent mal. Les humains débitent des répliques convenues comme dans un sitcom bas de gamme. On éprouve aucune émotion, aucune envie de s’attacher à leur destin. L’un deux, le garde-corps, s’est d’ailleurs trompé de film, il s’imagine dans un remake d’Hercule Poireau. Les animaux eux, censés tenir le haut de l’affiche, se contentent de manger un pied par ci par là sans aucune conviction ni stratégie.
Ensuite on sent clairement que les moyens financiers manquent. Beaucoup de figurants meurent dès le départ, attachés à leur siège. Cela économise de la masse salariale mais le timing est moins jouissif que si on les voyait disparaitre lentement à un. Les survivants barbottent dans un petit réduit éclairé. Ce décor, peu couteux, suffit pour entasser une poignée de personnages et lors de leurs rares escapades, dans les couloirs de l’avion ou dans la soute, on ne voit rien. Cet artifice est censé nous foutre la frousse mais donne surtout envie de consulter un opticien. Même déception pour la vue extérieure, une maquette d’avion plongée dans une baignoire dont personne n’a pensé à changer l’eau depuis longtemps.
Quant à la réalisation et bien, elle ne brille pas par son inventivité. Elle s’emploie à filmer surtout des sièges (d’avion, cela va de soi) et un hublot. Sans doute une métaphore de l’écran ? D’un coté on y voit onduler des requins et le visage sympathique d’un homme grenouille (pas longtemps). De l’autre les derniers passagers, serrés les uns contre les autres, visages terrorisés ou tristes.
Bon, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. La scène de l’amerrissage sort du lot, bien rythmée et bien cadrée. Le projet de mélanger accident d’avion, survie sous l’eau et requins reste original. La gamine (il y a toujours des enfants à sauver dans les films catastrophe) ne crie pas et ne hurle pas ce qui est assez reposant.
Enfin, en sous-texte très profond et même si cela n’est pas clairement explicité, la critique sociale s’avère impitoyable. Le gouverneur envoie plein d’hélicoptères de sauvetage parce que sa fille voyageait dans l’avion. Critiquer ainsi la politique et le capitalisme frise la provocation. Imaginez si au lieu d’avoir eu un père haut placé elle avait hérité d’un paternel ouvrier dans une usine de pneus au Minnesota ? Les pauvres survivants attendraient toujours dans l’eau.
Bon, vous l’aurez compris, pour ma part j’ai préféré « L’aventure du Poséidon » ou son remake, même sans requins.