Pour ma millième critique, je souhaitais un film exceptionnel, un bijou inoxydable, et quoi de mieux que Noblesse oblige que j'ai pu rattraper en replay ce jour ?, ça aurait été un crime de laisser passer ce film qui reste un de mes préférés.
C'est un véritable joyau de l'humour anglais, un subtil mélange de satire sociale, de cynisme, de malice et de cruauté, un prototype parfait de l'humour noir dont c'était la spécialité. Le héros nous raconte avec désinvolture ses crimes et nous en rend complices ; on assiste à l'étalage de ce XIXème siècle britannique avec ses lois, son folklore, ses préjugés, son esprit strict, son mépris des classes inférieures, sa rectitude... tout ceci est stigmatisé dans la plus perverse et en même temps la plus aimable des comédies britanniques, une grande réussite des studios Ealing, situés à l'Ouest de Londres et qui furent à l'origine de l'heure de gloire des comédies anglaises dans les années 40 et 50 (De l'or en barres, L'Homme au complet blanc, Tueurs de dames notamment, et où sévissait comme par hasard ce cher Alec Guinness.
Cet immoral conte moral enrobé d'humour, se présente d'abord comme un ensemble de variations sur le snobisme aristocratique, c'est finement analysé, le sang bleu est un breuvage qui se déguste froid. Le réalisateur s'est employé de façon très judicieuse à fustiger les moeurs d'une famille noble qui tombe en décrépitude à travers une série d'expressions grotesques et hilarantes. L'humour noir qui baigne tout le film est succulent à souhait, on y décèle un ton féroce où aucun personnage n'échappe au jeu de massacre, c'est un joli festival d'insolence qui joue diaboliquement sur le charme des vieilles dentelles et sur la mise en pièces de ce charme, et que je recommande absolument de voir en VOST pour justement goûter l'accent britannique, l'humour des dialogues et les intonations de voix de Guinness.
Car le film reste célèbre aussi pour un exploit d'acteur : celui d'Alec Guinness dont c'était le troisième film en tant qu'interprète principal. Engagé au départ pour incarner 4 rôles, il en endosse au final 8, en jouant tous les membres de la famille d'Ascoyne qui se fait décimer par le héros en mal de titre nobiliaire. Alec est fabuleux, certains de ces personnages sont croqués rapidement, d'autres sont plus détaillés, dressant ainsi des portraits savoureux.
Je le répète, ce film est un joyau pur ! A voir absolument.