Kind hearts and british pleasure
Festival Sens Critique 2/16.
Délicieuse comédie, Kind hearts and Coronotets nous offre sur un plateau d’argent les mets les plus raffinés du cinéma britannique. Une scène emblématique résume parfaitement tout le programme du récit : alors qu’il boit le thé en compagnie d’une duchesse, le protagoniste devise avec toutes les manières dues à sa table tandis qu’une déflagration et une colonne de fumée commence à s’élever en arrière-plan, concrétisation de son plan visant à assassiner le duc. D’un flegme hilarant, Louis va ainsi entreprendre, avec patience et savoir vivre, d’assassiner tous les prétendants au titre de noblesse qu’il convoite ; famille aristocrate d’autant plus rigide et attachée à l’unité de son sang que ses huit membres sont joués par un seul acteur, le légendaire Alex Guinness dont la performance est une saveur supplémentaire.
Chef d’œuvre d’humour noir et satirique, le film passe au vitriol compassé de répliques d’un raffinement extrême la noblesse, l’amour et l’église. Le comique est fondé sur la confrontation entre un visage angélique et, noblesse oblige, d’une tenue respectable et des situations de plus en plus loufoques, soit qu’elles mettent en valeur le plan délicieusement machiavélique du protagoniste, soit qu’elles égratignent le monde sclérosé et hypocrite de ses victimes. La construction du récit, fondé sur un immense flash-back, est elle aussi très malicieuse, puisque nous savons dès le départ que Louis est condamné pour meurtre… reste à savoir lequel, et l’ironie n’épargnant pas le personnage principal, les péripéties, jusqu’aux dix dernières secondes, achèvent de faire de ce film une pépite du genre.