Nobody Knows fait partie de ces quelques films qui vous tiennent en haleine du début à la fin. Toute personne normalement constituée ne peut rester de marbre face à ce chef d'œuvre sans prétention aucune.
Tout débute comme un film des plus ordinaires: une femme emménage, accompagnée de son fils, dans un nouvel appartement. On apprend assez vite qu'ils ne seront pas que deux à y vivre, mais cinq ; les trois autres enfants étant dissimulés au regard des propriétaires.
La mère étant occupée une très grande partie de la journée à travailler pour nourrir sa petite famille, l'aîné des quatre enfants se chargent de la vie quotidienne. Tout bascule le jour où, on ne sait trop pour quelle raison, cette même mère disparaît, laissant seulement un peu d'argent.
On suit alors les péripéties de l'aîné, joué par Yuya Yagira, qui devient ainsi le "parent" de ses frères et sœurs.
Force est de constater que chaque acteur, et ce malgré les âges très peu élevés, tient parfaitement son rôle, de la plus jeune au plus âgé. On ne peut que s'attacher à chacun d'entre eux.
Durant une bonne partie du film, un sentiment de bonheur, d'espoir, de vie domine l'ensemble. Tout est bouleversé peu de temps après par le fait que la mère tarde à revenir. Les enfants tombent ainsi peu à peu dans la déperdition: l'argent se fait rare, des tensions se créent, l'espoir s'envole.
On arrive ainsi sur une fin bouleversante, touchante au possible, qui contraste totalement avec l'ambiance précédente.
Pour servir se film, la réalisation est aux petits oignons.
Rien de grandiloquent, ou d'extraordinaire. Non, tout est là pour servir le récit: des plans cadrés au millimètre près, magnifiques, mais qui tendent à être au plus près des personnages. Pas non plus d'effets de style. La caméra se fait discrète, au service du jeu des acteurs et de la mise en scène. La musique elle-même s'efface, restant toujours un peu à l'écart.
Le réalisme est ainsi très important: on croirait presque visionner un documentaire parfois.
L'une des influences de Hirokazu Koreeda pour ce film a sûrement été la filmographie de Kurosawa, et je pense en particulier à Dodes'Kaden.
En bref, ce film est réellement à voir: il vous transportera du début à la fin sur un petit nuage teinté d'espoir et de mélancolie.