A quel âge considérez-vous qu'un enfant acquiert la maturité suffisante pour gérer seul ses trois petits frères et soeurs ? Cette question est subjective, cela dépend à la fois de l'individu concerné et de vos expériences personnelles, mais il reste un point sur lequel le sens commun prend le dessus: 12 ans c'est un petit peu jeune tout de même...


C'est pourtant le cas au sein d'une famille tokyoïte où une mère de 4 enfants semble être de plus en plus absente au foyer, laissant la lourde tâche de s'occuper de ses frangin(e)s à Akira, l'aîné. D'abord rentrant tard tous les soirs, puis tous les mois, pour enfin disparaître définitivement, laissant en plus un faux espoir concernant un retour potentiel à Noël, Maman trouve un nouveau mari et profite de la vie. Les quatres enfants, issus de pères différents, ont l'habitude d'être délaissé par cette dernière, mais qui peut réellement s'habituer à vivre sans parents ? Si les plus jeunes semblent croire encore à un retour de leur mère, les plus grands sont conscient de l'horreur de leur situation: ils sont abandonnés à leur sort.


Kore-Eda, que je connaissais pour avoir donné naissance à des films pleins d'espoir, signe ici un drame social cruel et fataliste... On se retrouve impuissant devant une bande de mômes voués à dépérir. Rares sont les gens qui font attention à eux, seul le plus grand a le droit de sortir, la mère ayant menti concernant son nombre d'enfant pour décrocher leur appartement... Les bonnes volontés et la grande maturité de Akira ne suffisent malheureusement pas à faire de lui un "père de famille" capable d'assurer la survie de cette bande, trop jeune pour travailler, les fonds laissés par la mère se tarissant inéluctablement. Vous le sentez le fun là ?!


Mais ce qui est admirable, c'est que devant ce film, on se sent presque bien par moments... Alors oui certes on se rend compte de l'horreur de toute cette histoire, on compatit, on rêve de pouvoir les aider, mais la réalisation et les choix de mise en scène de Kore-Eda semblent vouloir nous bercer. A travers cette lenteur, l'insouciance de quatre adorables enfants, de petits moments de complicité et d'innocence, d'une BO douce et apaisante, il arrive à nous insuffler un simili-sentiment de bien être. Ce n'est en aucun cas une manière d'atténuer la réalité, mais bien une volonté à la limite du sadisme de nous anéantir encore plus avec cette fin, et le drame qui l'accompagne.


Une oeuvre réaliste et dure qui nous raconte une histoire malheureusement inspirée de faits réels. Qu'importe de savoir ce qui est réellement vrai ou non parmi les détails, la seule chose qui compte c'est que ce genre de vie ne devrait tout simplement pas exister...

Psycox
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Suprématie nippone (2016), Les meilleurs films de Hirokazu Kore-eda et Voyage au Pays du Soleil Levant

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le 26 mars 2016

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Psycox

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