Les noces pourpres

DISCLAIMER : Prenez cette critique comme celle d'une personne qui a connu de manière réelle les questions que posent ce film.

Noces est un film d'une extrême justesse, qui traite, au delà de la question du mariage arrangé, du poids que la tradition et la famille peuvent peser sur une fille d'immigrés. Il s'agit en fait de disséquer une famille au travers d'une crise en s’intéressant à une jeune fille qui est déchirée entre son envie de liberté et sa volonté de s'adapter à son environnement (de vivre comme n'importe quelle jeune bruxelloise) d'une part et son amour profond pour sa famille.
Le film est tourné d'une manière extrêmement intimiste qui, en faisant de nous un témoin omniscient du drame que connait cette famille, nous positionne comme si nous étions un membre de cette dernière. Il n'y a aucun jugement de valeur ou favoritisme envers Zahira qui représente la volonté que peut avoir une fille d'immigré de se libérer des entraves que forment les rites et pratiques culturelles.
Dire, comme cela a pu être le cas dans certaines critiques, que le réalisateur a un parti pris clair et évident sur son sujet relève d'une mauvaise lecture voire d'une mauvaise foi. Au contraire, il laisse le temps à chaque personnage s'exprimer, ces derniers occupant parfois tout l'espace filmique pour un monologue.
À ma grande surprise, c'est un traitement différent que nous avons ici des parents et du frère. Ce sont ici des figures fragiles, qui doutent et sont déchirés entre leur amour pour leur enfant et les obligations auxquelles ils sont tenus. C'est un film qui interroge la dualité entre l'amour et l'honneur et de la force des liens du sang.

À la question de savoir à qui s'adresse le film et quel est son message, je pense que c'est une erreur que de vouloir lui trouver une morale intrinsèque.

Un film à voir.