Depuis le film "l'Apollonide souvenirs de la maison close", un film de Bonello est toujours un événement, et son "Saint Laurent" m'avait mis KO. Mais voilà une certaine anxiété m'a guété , le film n'est pas sélectionné à Cannes alors qu'il est pourtant attendu, l'actualité macabre des derniers mois fait écho au sujet du film au point de changer son titre.... . Et finalement les critiques sont assez dithyrambiques, oui ce film est bien une claque , encore une.
Malgré que le synopsis soit une bande de jeunes qui orchestre une série d'attentat dans Paris, en aucun cas elle a pour leitmotiv la religion, même si il est à sujet à interprétation car jamais dit réellement (pari couillu!!!!!!!!!). Je l'ai vu comme un salut de la jeunesse occidentale dans une ville libérale où finalement elle a du mal à trouver sa place (d'où la réponse fataliste d'un protagoniste "ça devait arriver").
Les cibles sont des voitures ,le siège d'une banque,le cabinet du ministre de l'intérieur (un bras d'honneur à l'autorité) et la statue de Jeanne d'arc.
Bonello filme magnifiquement bien Paris de son métro à ses nuits oniriques , les interprètes sont tous excellents mais une fois plus comme dans ces derniers films, sa force est sa mise en scène.
Oser le flou des situations pendants 20 minutes,balancer l'origine du plan sous forme de flash back et multiplier les points de vues lorsque le chaos surgit, voilà l'audace d'un très grand réalisateur.
On pense à plein de films d'abord ceux du réalisateur, le huis clos comme dans "l'Apollonide: souvenirs d'une maison close", ici avec une certaine ironie un magasin gigantesque symbole de la société de consommation dont ces terroriste ont une relation des plus ambigus entre admiration et rejet.
"Saint Laurent" qui comme son héros nourrit une forme de mal être lié à un vide existentiel, magnifique scène du film où l'un de ses protagonistes voit un mannequin portant exactement ses fringues (vertige existentiel garanti)
Et bien sur Elephant (référence onirique du mal être de la jeunesse) de Gus Van Sant, via la scène de la baignoire et sur cette jeunesse qui se flingue,qui se sacrifie.
Le film n'est pas politique mais peut être vu comme la réponse métaphorique du quinquennat de François Hollande. Le candidat avait pour programme "la priorité à la jeunesse" et l’allégorie de ce film est une jeunesse désenchantée,"enfermée" et surtout sacrifiée.
Percutant,vertigineux, onirique, tout laisse à penser que c'est le meilleur film français de 2016.