La nouvelle série de ce début d'année est sans conteste "the Girlfriend Expérience". Adaptation en série d'un long métrage expérimental de Steven Soderbergh avec la sulfureuse actrice porno Sasha Grey dans le rôle d'une call girl. Cette fois ci on a le droit à une véritable actrice dans ce même rôle,une révélation, surement la révélation de l'année 2016 : Riley Keough (petite fille du King, Elvis Presley) au potentiel infini. On y suit donc le parcours d'une jeune et jolie étudiante en droit qui va se lancer dans la prostitution de luxe par curiosité, par frisson et surtout par sa détermination. Il faut bien préciser que comme l'héroine du film d'Ozon, elle aime le sexe, le sexe a une place centrale dans sa personnalité et surtout on peut dire qu'elle maitrise sa sexualité. Un des nombreux intérêts de cette série est l’ambiguïté de son héroine, une héroine trouble mais surtout complexe, difficile de véritablement connaitre son leitmotiv.C'est surtout sur un personnage féminin qui s'ennuie. Quand une personne s'ennuie, on ne peux véritablement savoir si ces mots sont sincères. A cela s'ajoute une ambiance dans la série assez froide, voir clinique dans sa représentation du monde du travail, de l'argent, du sexe, de son "humanité" qui n'est pas sans rappeller "House of cards". De cette vision presque aseptisée des hautes sphères de nos sociétés , elle ne fait que mieux révéler ses troubles: vie par procuration,misère sexuelle, névroses latentes qui ne demande qu'à imploser, une vie faite principalement d'écrans interposés et surtout le vide existentiel d'un monde qui peut tout demander et tout s'offrir. C'est surtout une série sur la solitude urbaine d'aujourd'hui, traité avec une très grande intelligence. Je me suis jamais ennuyé sur un seul de ses 13 épisode de 25 minutes et le climax de la série vient de l'épisode du "revenge porn",une référence.


Partie spoil, partie interprétation de la série .
L'héroine est une âme dormante, qui vampirise les désirs des hommes avec plus ou moins de maitrise, elle est un ange de la mort ..... mais du sexe. Ses clients succomberont tous d'une certaine manière: le trépas classique,la peine de cœur, le couple brisé,la frustration,le mépris,l'acte manqué,la solitude,la misère sexuelle....
Même si le dernier épisode montre qu'elle arrive enfin à s'adapter à toutes les névroses sexuelles possible de ses clients, le dernier plan où on la montre seule dans un grand immeuble luxueux en haut d'un bulding est lourd de sens.
Au sommet de son expérience de call girl, elle se masturbe et après fait jouir tant d'hommes sa propre jouissance semble vaine.
Ce dernier plan qui montre à la fois sa plus profonde solitude et le rapport entre elle et sa créature (son sexe de façon métaphorique) m'a rappelé le dernier plan génial du film "The Social Network".
The Girlfriend Experience est une œuvre marquante.

ronin59
9
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le 22 mai 2016

Critique lue 2.9K fois

8 j'aime

ronin59

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