La première chose qui marque, c'est la lenteur. Nocturama est un film qui s'évertue à mettre en place une ambiance éthérée, onirique, hors du monde, dans sa première moitié en montrant ses personnages, tous socialement marqués, déambuler dans les rues de Paris, et déjà le film pourrait s'arrêter là, à montrer un groupe de personnes toutes très différentes vivre, et juste vivre. Mais l'ambiance éthérée instaure ici chez son spectateur un sentiment de malaise, avec une contribution très forte de la musique, composée par le réalisateur lui-même. Le traitement de son sujet principal, qui démarre finalement assez tard, reste dans cette veine d'onirisme : l'attentat n'a pas de revendication précise et jamais le film ne s'enfonce dans une quelconque lourdeur politique. Parce que l'attentat en lui-même n'est pas l'intérêt, ce qui compte c'est la soirée que passent ces jeunes dans le magasin, à parasiter la société en en étant le pur produit, toujours sublimés par la jolie photo du film, illustrant par là une phrase du leader de l'équipe, étudiant à sciences po, qui dit que la société engendre sa propre destruction. Et au final, la meurtrière intervention de la police qui conclut le film ne change rien à l'impact du groupe sur la société. D'ailleurs, même dans la mort, leurs postures lascives semblent célébrer encore une nuit coupée du monde. En gros Nocturama c'est bien.