Lost Highway
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le 14 janv. 2017
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Le générique annonce la couleur (Pas de mauvais jeux de mots, s'il vous plait !! Je vous entends déjà) dès le début et c’est peu de le dire. L’intention du réalisateur nous signifie clairement qu’il veut bousculer le spectateur autant au niveau de l’image que par son scénario racontant deux histoires en parallèle. Petite précision : L’avertissement du film indiqué au niveau des caisses de cinéma est totalement justifié.
Susan Morrow (Amy Adams) est une femme de la haute société ayant tout réussi dans sa vie aussi bien au niveau professionnel qu’au niveau personnel. Son mari n’est autre que Armie Harmer . Donc on pourrait se dire que tout va bien dans sa vie. Et bien, non comme c’est étrange !
Il va y avoir quelques spoilers à partir de maintenant, donc ceux qui veulent mon avis (plus court) directement, rendez-vous au dernier paragraphe :-) !!!!
On ressent cela dès son vernissage ainsi que dans les œuvres artistiques se retrouvant dans l’immeuble de sa galerie d’art. On est constamment dans le clair-obscur comme si le personnage d’Amy Adams ne souhaitait pas faire de choix fondamentaux pour vivre pleinement sa vie. Cette attitude s’explique par le fait que sa mère (Laura Linney) est particulièrement manipulatrice dans sa manière d’interférer dans sa vie privée. Sans oublier, le fait que son mari lui soit infidèle dans la mesure où elle n'est pas suffisamment vivante et expressive en terme de manifestations d'amour réciproque. C'est un des clichés les plus éculés du film dans sa façon de le mettre en avant. Le spectateur se retrouve sur une trame narrative classique.
Mais cela va changer lorsqu’elle reçoit un exemplaire d’un livre écrit par son premier mari. A partir de ce moment, on alterne entre le monde de la fiction (le roman) et celui de la réalité (ce que va ressentir Susan et son incidence sur sa vie) durant toute la durée du film. Cela permet de donner une certaine symbolique au moment des transitions entre ce qu’elle lit et ce qu’elle vit réellement. J’ai apprécié la fluidité et l’efficacité du montage sur ce point précis. La réalisation de Tom Ford nous permet de percevoir naturellement et rapidement l’état psychologique de chacun des personnages du long métrage.
Le livre de Edward Sheffield est un rape and revenge banal donnant une impression de déjà vu, rehaussé par son casting trois étoiles.
Jake Gyllenhaal interprète très bien l’homme brisé par un événement dont il a dû mal à se relever. Michael Shannon est un policier particulièrement borderline, qui va tout faire pour essayer d’aider, avec des fêlures bien spécifiques, comme il a l’habitude d’en jouer (Bug, Take Shelter). Aaron Taylor-Johnson (le gars de Kick-Ass tout de même !! ) mérite son golden globe de meilleur second rôle pour son personnage de bad boy. En effet, avec le peu de temps qu’on le voit à l’écran, le spectateur éprouve une animosité immédiate et justifiée pour son personnage. La violence qui s’en dégage autant dans son attitude que dans ses propos en fait l’un des personnages les plus marquants de Nocturnal Animals.
J’ai eu le plaisir de retrouver Jena Malone (Sage Ross) jouant une associée d’Amy Adams ayant un goût vestimentaire très artistique. On a l’impression qu’il s’agit d’un personnage échappé de The Neon Demon. Est-ce un clin d’œil de la part du scénariste/réalisateur ? Il est difficile de trancher sur cette question.
Malgré l’originalité formelle de Nocturnal Animals et la qualité de son casting, c’est le drame d’une personne se nourrissant de la morbidité et de la négativité que l’on retrouve dans l’humain pour se sentir exister. Ce ressentiment est renforcé par le fait qu’elle soit bouleversée par le roman violent et légèrement sadique de son ex-mari. Un film qui ne fait pas l’unanimité mais qui est réussi dans ce qu’il entreprend.
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Créée
le 9 janv. 2017
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