Etrangement, je n'ai jamais eu la fois d'écrire une critique sur ce film; peut-être est-ce parce qu'il m'a terriblement déçu, ou sûrement que l'oeuvre m'a tellement déçu, que je n'ai jamais eu envie de retourner me pencher sur son cas. "Noé" est, je trouve, un délire tout particulier. Le soucis est qu'il est dur d'entrer dans le kiff d'Arofonovsky; c'est presque une private joke, un cercle restreint, tent l'univers présenté est particulier, voire même déstabilisant.
Qu'on se le dise de suite, le but n'était pas d'adapter le récit de la Bible; l'intérêt n'aurait été que redondance et répétition avec les éléments que l'on connaît déja. Je ne suis pas contre l'appropriation d'un mythe; mais encore faut-il le faire avec talent. D'une certaine manière, c'est purement relatif, comme remarque, tant le délire pourra plaire à l'un, et déplaire à l'autre.
Pour cela, je vous conseille de vous faire votre avis sur l'oeuvre; même si je l'ai trouvée mauvaise, nul doute qu'elle pourra vous plaire, et si c'est le cas, ou l'excès inverse, pourquoi ne pas revenir ici, et discutailler avec moi au sujet de votre propre point de vue, et du mien? Là est le principe de la démocratie.
Dès le début, c'est du grand n'importe quoi. Déja, l'animation d'introduction est horrible, insupportable; elle manque de grâce, d'habileté, de fluidité. Donc, c'est qu'il commence foutrement mal, ce "Noah"... rassurez-vous, le reste ne viendra pas rattraper son niveau d'alors. J'aimerai, à présent, parler de la mise en scène.
Dès le début, un premier constat se fait rapidement : l'oeuvre manque d'efficacité, de vivacité, d'ambition. C'est froid, ça manque de tripes; dommage, les plans d'Arofonovsky avaient de quoi faire quelque chose de particulièrement convaincant, c'est évident. Parce qu'en y réfléchissant, le mec n'est clairement pas un tâcheron; un Yes Man, lui? Sûrement pas.
Pourtant, ce qu'il nous offre n'est pas forcément meilleur que le travail d'un Steven Johnson, par exemple, ou d'un José Padilha ( dont les films, à mon humble goût, manquent de personnalité ). La mise en scène manque donc de puissance, la faute à une caméra qui ne connaît aucune stabilité, et tente d'instaurer un climat d'intensité avec des mouvements saccadés et rapides, loin de ce que j'aime habituellement. Pour le coup, cela m'a terriblement fait sortir du film.
De plus, les effets spéciaux manquent de vie, de détails, de crédibilité; on les sent à trois cent mètres, et autant vous dire que là, ça sent mauvais. La bande-son non plus ne vient pas satisfaire le spectateur déçu, tant elle se révèle commune et habituelle; pour trouver de quoi se mettre sous la dent, il lui faudra revenir ailleurs, et dans plusieurs années.
En soit, "Noé" est un film qui a été extrêmement mal vendu : on nous promettait quelque chose de réaliste, de plutôt fidèle à l'univers biblique, pas à une adaptation d'un comic fantastique. Comme pour enfoncer le clou, il manque, à l'oeuvre, une accroche plaisante, quelque chose qui nous fasse entrer dans le bain, un truc efficace. Le résultat fut que j'eus bien du mal à entrer dedans, à m'attacher aux personnages, à me faire à l'intrigue, ainsi qu'à l'univers somme toute particulier de son auteur/réalisateur.
Certains prétendront que c'est du grand n'importe nawak tout du long; à cela, je répondrai oui, c'est vrai. Mais est-ce réellement un point négatif? Je ne saurai vous répondre qu'une chose : la réponse dépend de la personne que l'on est, de nos attaches, de nos goûts, de ce que l'on aime et que l'on n'aime point.
Détail paradoxal, le film devient meilleur lorsqu'au bout d'une quarantaine de minutes, Arofonovsky lâche son univers, pour se concentrer sur une version plus réaliste du mythe, plus accessible pour le commun des mortels ( dont je fais humblement partie ). Au final, c'est une belle histoire que voici, bien que fortement prévisible et, souvent, déplaisante.
C'est dommage, parce qu'il contenait, tout de même, quelques bons points; la seconde partie, largement meilleure, lui offre ces trois étoiles, n'en faisant, quand même, pas un bon film. L'interprétation est elle-même décevante, et même si l'évolution du personnage de Noé est bien pensée et efficace ( encore que l'écriture contient son lot d'incohérence ), Russel Crowe déçoit énormément : il est fade, et loin de ses capacités habituelles. Dommage, je m'attendais à mieux, à beaucoup mieux. Russel Crowe, ou la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.