Prenez un pitch pas dégueux, s'inspirant de divers films sortis avant "Swiri" - coucou "Die Hard with a Vengeance" - et en rappelant un certain nombre postérieurs. Au passage, je vous déconseille de lire le résumé présent sur la fiche Senscritique, il spoile allègrement l'un des derniers rebondissements du film. Non pas que ce dernier soit imprévisible ou "breathtaking" en soi, mais vu ce que l'on subit 2 heures durant, on devrait au moins nous laisser cette fausse surprise de la découverte.
Prenez un contexte historique fort et propice à une intrigue développée et passionnante. La division et la guerre de Corée, leurs causes et conséquences sur la politique de cette nation devenue deux. République Populaire Démocratique de Corée (Nord) contre République de Corée (Sud). "Contre" car au delà d'un groupuscule terroriste mené par un charismatique à défaut d'être toujours juste Choi Min-Sik, les tensions entre les deux pays sont réelles. Terrorisme, armes de destruction massive, agents secrets. Indépendance, Réunification.
Prenez Choi Min-Sik et Song Kang-Ho, avant leur ascension internationale fulgurante. Complétez le casting avec un Han Suk-Kyu ne déméritant pas face aux deux autres monstres, ainsi que la délicieuse Yunjin Kim. Oui, délicieuse. Miam. Et en plus elle joue bien. Saupoudrez le tout d'espionnage high tech, de polar et d'action. Convaincus ? Moi non, car le résultat est tout bonnement raté. Un gâchis impossible, improbable. Une immense frustration. On tenait là un grand film d'action, et c'est bien dans ce domaine que le bât blesse.
Le film était-il trop ambitieux pour les frêles épaules de Kang Je-kyu ? Oui je suppose que le bonhomme n'est pas bien costaud. Je ne vois que cette explication pour justifier une telle débauche de shaky cam. Les scènes d'action sont illisibles la plupart du temps, et hors champ le reste du temps. Le montage n'est pas toujours des plus heureux. Le seul moyen pour moi de comprendre vaguement ce qui se déroulait était d'attendre la fin de ladite scène et de constater quels personnages tenaient encore debout. Remarquez, même pour cela, il faut être patient: une paire de gunfights sont juste interminables, voire ridicules, à l'image d'un en particulier, dans lequel Min-Sik paré d'un simple gun tient pratiquement tête à toute une escouade entraînée et armée de fusil d'assaut...
Pourtant secondé par le directeur de la photo qui officiera dans le "JSA" du grand Park, l'ensemble est incroyablement terne, voire cheap par moments. Ajoutez à cela un rythme souvent poussif, l'intrigue se dévoilant de manière laborieuse deux heures durant, en dépit de quelques bonnes idées et un twist qui a défaut d'être imprévisible, aura au moins le mérite d'être correctement amené. Tous les ingrédients étaient pourtant réunis pour faire de "Shiri" un monument de l'action sauce kimchi. Il n'en sera rien, tant l'oeuvre s'avère pénible à suivre. L'une de mes plus grosses déceptions, si ce n'est la plus importante, du cinéma coréen, tout simplement.