J'avais très envie de voir ce Nomadland, et j'étais très enthousiaste: pour des raisons d'histoire personnelle le cinéma social m'intéresse, je m'y sens comme chez moi... c'est une atmosphère familière, la galère, les marginaux, la débrouille, le danger.
Il n'y a absolument rien de tout ça dans Nomadland, sorte de carte postale statique (nomade, vous avez dit nomade? Je le cherche encore, le nomadisme) évoquant une vision idéale d'un choix de vie pas toujours simple: la liberté, la connection avec la nature... pardon, mais cela sonne comme la grossière caricature bourgeoise, pléonasme, d'une réalité pas du tout vécue, connue, pas même approchée. En tout et pour tout Fern ne tombe qu'une fois en panne, rien de bien méchant d'ailleurs, d'une crevaison, dont elle ne sait pas se débrouiller seule. Ok. En fait je m'attendais à voir un genre de film qui aurait développé les personnages rencontrés par Christopher McAndless, des routards. Au lieu de ça il y a une sexagénaire qui se rend dans 2 ou 3 bleds pour y travailler (notamment chez Amazon, youhou la liberté et la nature) et dort dans son van. Et c'est tout. Parce qu'il n'y a pas vraiment d'histoire non plus. Assez triste en fait, comme vision.
Je ne sais pas ce que vaut le bouquin mais ce film, passés les premiers instants après lesquels j'attendais un début de développement de... qq chose, n'importe quoi mais qq chose, m'a bcp fait penser à une sorte d'hystérie bourgeoise à affirmer un désir de liberté pas du tout ressenti mais simulé à travers des évocations superficielles, de l'instagram psychologique, s'extasiant sur de pauvres diables dont jamais au grand jamais ces cinéastes ne voudraient prendre la place. Seulement au cinéma. Les damnés de la terre, ça sert aux bourgeois de gauche à se vivre par procuration une conscience sociale et une soif de liberté absolument pas vécue. De l'indé us au ras des paquerettes, politiquement mort.