La disparition d'une ville entière suite à l'effondrement d'une usine. La perte d'un être cher. Voilà ce qui sera arrivé à Fern pour qu'enfin elle décide de prendre la route. Dans son van tout rafistolé, elle sillonne l'amérique désertique et sauvage (enrobée d'une photographie simple et sublime), s'accommode de sa solitude et enchaîne les petits boulots. Des individus hauts en couleur et précaires graviteront autour d'elle, une solidarité s'esquissera entre cabossés et bourlingueurs, les laissés pour compte d'un néolibéralisme féroce en pleine crise du logement. Frances McDormand fait ce qu'elle sait faire de mieux, elle s'adapte à merveille et fonctionne fluidement avec les autres acteurs du film qui... pour la plupart n'en sont pas. Cette authenticité se sent à l'écran sans qu'elle soit forcée ou maladroite.
Nomadland est un pari réussi, et plus que tout, un regard empathique et sans détours porté sur des femmes vieilles, des femmes résilientes, qui triment et qui survivent, seules mais pas esseulées, profondément humaines même dans leurs plus sombres recoins.